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Les élections thaïlandaises hautement perturbées par les manifestants

La Première ministre Yingluck Shinawatra a été parmi les premières personnes à glisser son bulletin dans l'urne, sous haute surveillance policière. [Rungroj Yongrit]
La Première ministre Yingluck Shinawatra a été parmi les premières personnes à glisser son bulletin dans l'urne, sous haute surveillance policière. - [Rungroj Yongrit]
Les opposants à la Première ministre thaïlandaise Shinawatra empêchaient dimanche les élections législatives de se tenir correctement. Des centaines de bureaux de vote ont été bloqués.

Ce dimanche en Thaïlande, les bureaux de vote ont ouvert à 08h00 (02h00 en Suisse) dans le cadre des législatives anticipées. Mais l'opposition, qui boycotte ces élections, a décidé d'en empêcher l'organisation.

Ainsi, dans plus de 10% des circonscriptions (45 sur 375), les bureaux de vote étaient rendus difficiles d'accès (blocus des manifestants), voire même impraticables (absence de personnel électoral, urne indisponible, bulletins de vote bloqués, etc.).

"J'ai accompli mon devoir en venant voter (...) Je n'ai pas peur", a témoigné Pui, 43 ans, dans un bureau de vote du centre de Bangkok quasi désert, en jugeant le scrutin "chaotique".

Spirale de violence

Vivement contestées par l'opposition (voir encadré), ces élections menacent de plonger un peu plus le pays dans une spirale de paralyse politique et de violence.

La veille encore, en plein jour dans la capitale, une bataille de rue entre militants pro et antigouvernementaux a fait plusieurs blessés par balles.

afp/bri

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Trois mois de troubles

La Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra fait face depuis trois mois à des manifestations quasi quotidiennes réclamant sa tête et la fin de l'influence de son frère Thaksin, ancien chef de gouvernement renversé par un coup d'Etat militaire en 2006.

Le milliardaire en exil est accusé d'avoir mis en place un système de corruption généralisée en faveur de ses alliés.

Refusant de démissionner, la Première ministre avait proposé ces législatives comme une sortie de crise.

Mais l'opposition (alliance hétéroclite des élites de Bangkok, d'ultra-royalistes et d'habitants du sud) veut remplacer le gouvernement par un "conseil du peuple" non élu, estimant que les législatives ne feront que prolonger l'emprise du parti Puea Thai.

La fracture entre pro et anti Thaksin provoque des violences depuis 2006. En 2010, le mouvement des "chemises rouges" pro-Thaksin avait été réprimé par l'armée, faisant plus de 90 morts.

Sur le trône depuis plus de 60 ans, le roi Bhumibol Adulyadej, 86 ans, n'est pas directement touché par ces conflits.

Quelles possibilités pour sortir de la crise?

Parmi les suites évoquées par les analystes faute d'accord politique entre les deux parties, certains pensent à un possible coup d'Etat militaire.

D'autres penchent plutôt pour un "coup d'Etat judiciaire" forçant la Première ministre au départ, une arme déjà utilisée par le passé contre les gouvernements "pro-Shinawatra".