Arrêté en 2008 dans l'île française de Mayotte où il vivait sous une autre identité, un officier rwandais, Pascal Simbikangwa, sera jugé en vertu du principe de "compétence universelle" de la justice française, lui permettant de poursuivre des personnes recherchées pour des faits de crimes contre l'humanité commis à l'étranger.
La justice française a refusé, comme elle l'a pour l'instant toujours fait, d'extrader cet ancien capitaine hutu vers le Rwanda. Il risque la prison à vie.
Le suspect nie en bloc
A 54 ans, il est jugé à partir de mardi pour complicité de génocide et de crimes contre l'humanité, accusé d'avoir incité, organisé et aidé, notamment en organisant des barrages et en armant les miliciens qui les tenaient, les massacres qui firent quelque 800'000 morts en 100 jours, entre avril et juillet 1994.
Ancien capitaine, passé dans la police secrète après l'accident qui l'a privé de l'usage de ses jambes en 1986, il nie en bloc les faits, pour lesquels il risque la perpétuité.
afp/vkiss
Un procès de longue durée
Le procès, exceptionnellement filmé pour l'Histoire, doit durer six à huit semaines. Après la sélection du jury, la première journée de mardi sera consacrée au résumé des accusations et au début de l'interrogatoire de l'accusé sur son curriculum vitae.
Les deux premières semaines d'audience seront principalement consacrées à retracer le contexte ayant conduit au massacre de centaines de milliers de Tutsi, ainsi que de Hutu modérés, par les milices du président hutu Juvénal Habyarimana, dont l'assassinat le 6 avril fut l'événement déclencheur du génocide.
La cour entendra une trentaine de témoins rwandais sur les faits, dont par visioconférence certains détenus condamnés par le TPIR ou la justice rwandaise, et d'autres que la justice fera venir du Rwanda pour évoquer les événements.