La violence des événements de ces derniers jours en Ukraine a provoqué de nombreuses réactions internationales, et dans certains cas des sanctions. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne sont tombés d'accord pour priver de visas et geler les avoirs de ceux dont les mains "sont tachées de sang" en Ukraine, a annoncé jeudi la chef de la diplomatie italienne, Emma Bonino, à l'issue d'une réunion de crise à Bruxelles. Elaborée dès vendredi, la première liste des personnalités visées devrait compter "une demi-douzaine de noms". Elle pourrait être progressivement élargie, selon un diplomate.
Outre ces sanctions ciblées, qui devraient prendre effet très rapidement, l'Union européenne étudie un embargo sur les armes et le matériel au service de la répression, a-t-on appris jeudi de sources diplomatiques. "Toute nouvelle escalade, notamment l'instauration de l'état d'urgence, doit être évitée", a souligné l'UE. Elle rappelle qu'il incombe au président Viktor Ianoukovitch et aux autorités ukrainiennes de "faire le premier pas pour permettre le dialogue".
Le vice-président américain Joe Biden a prévenu jeudi le président ukrainien Viktor Ianoukovitch que les Etats-Unis étaient disposés à prendre des sanctions contre les personnes coupables d'avoir ordonné de tirer sur les manifestants à Kiev.
Angela Merkel a pressé jeudi le président ukrainien Viktor Ianoukovitch d'accepter un soutien européen au dialogue avec l'opposition, tout en condamnant "avec force l'escalade récente" de la violence. Avec ses homologues russe et américain, elle a jugé nécessaire une "solution politique" à la crise que traverse l'Ukraine.
Au Royaume-Uni, "suite aux informations faisant état de graves violences à Kiev, le secrétaire d'Etat chargé de l'Europe David Lidington a convoqué l'ambassadeur ukrainien", indique le ministère britannique dans un communiqué. "Le secrétaire d'Etat a fait part de ses vives préoccupations concernant les informations faisant état de violences et de décès, et a précisé que toute intervention contre les manifestants pacifistes sur la place de l'Indépendance était inacceptable".
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius et ses homologues allemand et polonais, en visite à Kiev pour tenter trouver un accord entre le pouvoir et l'opposition, vont par ailleurs y rester plus longtemps que prévu.
La Russie, alliée du gouvernement ukrainien, par la voix de Sergei Lavrov, a dénoncé les menaces de sanctions comme une "tentative d'intimidation". Plus tôt, le Premier ministre Dmitri Medvedev avait déclaré que son pays ne coopérera en Ukraine qu'avec un pouvoir qui défende "les intérêts de l'Etat" et sur lequel on ne "s'essuie pas les pieds". "Le pouvoir doit se concentrer sur la défense des gens, des forces de l'ordre qui préservent les intérêts de l'Etat", a-t-il ajouté.
Vladimir Poutine va envoyer à Kiev un représentant pour participer à une médiation avec l'opposition, à la demande du président ukrainien, a indiqué le porte-parole du Kremlin.
agences/mre/mac
Les fonds suisses visés par une manifestation
Une cinquantaine de manifestants ukrainiens, rassemblés jeudi sur la place des Nations à Genève, ont demandé à la Suisse de réagir face à la répression violente à Kiev. Ils ont réclamé le gel des avoirs des oligarques ukrainiens en Suisse.
"La Suisse peut geler les comptes des oligarques ukrainiens. Cela aurait un effet immédiat sur le financement du président Viktor Ianoukovitch", a expliqué une manifestante ukrainienne Iryna Parokinna.
Elle rappelle que Metinvest International, la branche du négoce des métaux du groupe ukrainien minier Metinvest, la plus grande entreprise d'Ukraine, a ses bureaux à Genève.
Le milliardaire Rinat Akhmetov contrôle une autre entreprise de commerce de matières premières dans le secteur de l'énergie, DTEK, disposant aussi de bureaux à Genève. Cette société contrôle 46% de la production de charbon, 30% de la production d'électricité, et 37% de la distribution d'électricité dans le pays. Toujours sur les bords du Léman, la société Mako Trading appartient au fils du président, Alexandre Ianoukovitch.
L'enquête de TTC sur les fonds ukrainiens en Suisse:
Le CICR dénonce
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a dénoncé jeudi le manque de respect pour le travail humanitaire et médical dans les violences en Ukraine. Un volontaire de la société de Croix-Rouge ukrainienne a été blessé, a indiqué l'institution.
"Nous avons reçu d'autres informations de volontaires de la Croix-Rouge attaqués et empêchés de faire leur travail", a-t-il ajouté. "C'est inacceptable", a déclaré Pascal Cuttat, responsable régionale du CICR.
Les Russes dénoncent un "chantage"
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénoncé un "chantage" européen. Il avait exprimé la veille la nervosité de Moscou à l'égard des médiations des Européens, et les avait sommés de condamner les opposants radicaux qui fomentent une "guerre civile".