L'accord de sortie de crise en Ukraine a été signé vendredi au palais présidentiel de Kiev par les chefs de l'opposition et le président Viktor Ianoukovitch.
Le texte prévoit une présidentielle anticipée, la formation d'un gouvernement d'union nationale, ainsi qu'un retour à la Constitution de 2004 avec des pouvoirs présidentiels réduits. Une dernière résolution adoptée dans la foulée par le parlement ukrainien à une forte majorité.
Les députés ont également voté une loi permettant la libération de l'opposante Ioulia Timochenko condamnée en 2011 pour abus de pouvoir par l'actuel président, ainsi qu'une amnistie inconditionnelle pour toutes les personnes arrêtées ou susceptibles d'être poursuivies en raison de leur implication dans le mouvement de contestation actuel contre le président.
Elections anticipées
Les leaders de l'opposition ont obtenu au préalable l'aval du comité représentant les occupants de la place de l'Indépendance ("Maïdan"). Des dizaines de milliers de personnes continuaient d'occuper la place ce vendredi. L'atmosphère semblait toutefois nettement moins tendue que la veille, où les heurts avaient fait plus de 60 morts.
Ces concessions ont été obtenues après une nuit de négociations entre trois ministres européens (le Français Laurent Fabius, l'Allemand Frank-Walter Steinmeier et le Polonais Radoslaw Sikorski), des représentants du pouvoir ukrainien (le président et des députés) et les leaders de l'opposition.
L'UE prudente
Pour le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, "il est désormais de la responsabilité de toutes les parties d'être courageux et de passer des paroles aux actes".
Pour Laurent Fabius, l'accord est le "mieux qu'on pouvait espérer". "Soyons prudents", a-t-il ajouté, "car la situation économique reste épouvantable et puis il va falloir suivre (la mise en oeuvre de l'accord)". "Il y a eu des crimes. Il faut que tout cela fasse l'objet d'une enquête et qu'on en tire les conséquences".
Le président des Etats-Unis, Barack Obama, et son homologue russe, Vladimir Poutine, devaient évoquer l'accord ensemble vendredi au téléphone. Obama avait salué plus tôt l'accord et souhaité qu'il soit appliqué immédiatement.
La crise en Ukraine a débuté avec l'annonce en novembre de la suspension des négociations sur un accord d'association avec l'Union européenne, au profit d'une relance des relations économiques avec Moscou, qui a promis un crédit de 15 milliards de dollars et un important rabais du prix du gaz.
afp/bri/olhor
Sur le terrain
Sur le Maïdan, la place emblématique au coeur de la capitale ukrainienne, les réactions recueillies à l'accord étaient mitigées et donnaient l'impression que les concessions annoncées par le président Ianoukovitch étaient perçues comme à la fois tardives, insuffisantes et sujettes à caution.
Des dizaines de milliers de personnes continuaient d'occuper la place vendredi soir dans un climat cependant nettement moins tendu que la veille, certains manifestants se prenant en photo ou allumant des feux d'artifice.
Vendredi matin encore, des manifestants avaient ouvert le feu sur des policiers à Kiev pour tenter une percée en direction du parlement, a indiqué le ministère de l'Intérieur.
La note passe à "CCC"
Standard & Poor's a abaissé vendredi la note de l'Ukraine à "CCC", ce qui correspond à un pays proche du défaut de paiement.
L'agence d'évaluation financière a assorti sa décision d'une perspective négative, ce qui signifie qu'elle envisage un nouvel abaissement.