Le conseil du Maïdan, qui rassemble les leaders politiques de la contestation ukrainienne, de la société civile et des groupes radicaux, a annoncé mercredi avoir désigné le pro-européen Arseni Iatseniouk comme Premier ministre, lors d'une déclaration à Kiev.
Le parlement ukrainien devra encore confirmer jeudi cette annonce.
A 39 ans, Arseni Iatseniouk va prendre la tête du gouvernement d'union nationale appelé à diriger le pays, avant l'élection présidentielle anticipée prévue le 25 mai.
Membre du parti de l'égérie de la Révolution orange Ioulia Timochenko, il a déjà été ministre de l'Economie et des Affaires étrangères.
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afp/mac
Plusieurs autres ministres en vue
Le conseil du Maïdan a également désigné plusieurs ministres à des postes stratégiques, dont Oleksander Chlapak au ministère des Finances et Andriy Dechtchitsia aux Affaires étrangères.
Andriy Paroubi, chef de la force d'auto-défense de Kiev pendant la contestation, devient secrétaire du Conseil de la défense et de la sécurité nationale.
A l'instar de celle du futur Premier ministre, ces nominations doivent être confirmée jeudi par le parlement ukrainien.
Démonstration de force russe
La Russie a de son côté décidé mercredi de renforcer la protection de sa flotte de la mer Noire, basée en Crimée, et ordonné une inspection surprise des troupes des districts militaires de l'Ouest, non loin de l'Ukraine, et du Centre, pour vérifier leur aptitude au combat.
Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry a lui déclaré qu'une intervention militaire russe en Ukraine serait une "grave erreur".
Le président déchu poursuivi
Le procureur général a en outre annoncé mercredi qu'un mandat d'arrêt international avait été lancé contre le président déchu Viktor Ianoukovitch.
L'ancien président, qui est poursuivi pour "meurtre de masse", se trouverait en Crimée, une région pro-russe.
L'ex-champion du monde de boxe, Vitali Klitschko, candidat à la présidentielle anticipée en Ukraine, a mis en garde Moscou contre l'idée d'accorder l'asile au président déchu Viktor Ianoukovitch, dans un entretien à la presse allemande paru jeudi.
"Je ne peux que mettre en garde le président russe contre l'idée d'accueillir Ianoukovitch et ainsi d'accorder la protection à un dictateur sanguinaire. Ianoukovitch doit répondre de ses actes devant un tribunal ukrainien", a averti Vitali Klitschko dans le quotidien allemand Bild.
Eviter une scission de l'Ukraine
Le futur Premier ministre aura à faire face à la tâche herculéenne d'empêcher l'Ukraine de sombrer dans la banqueroute et de contrer les tendances séparatistes, de plus en plus vives dans les régions méridionales pro-russes.
Mercredi soir, près de 5'000 manifestants se sont réunis devant le parlement de Crimée, à Simféropol. D'un côté, des manifestants pro-russes, ont réclamé la tenue d'un référendum sur le statut de la Crimée, et de l'autre, des Tatars, une communauté musulmane déportée par Staline, a au contraire défendu l'unité de l'Ukraine.
La Crimée, peuplée majoritairement de russophones, est la région d'Ukraine la plus susceptible de s'opposer aux nouvelles autorités en place à Kiev après le renversement de Viktor Ianoukovitch.
Le chef du parlement local a toutefois exclu mercredi tout débat sur une éventuelle sécession.