Les Etats-Unis ont accusé mardi la Russie de chercher un "prétexte" pour "envahir" l'Ukraine, nouvelle étape dans la confrontation entre les deux puissances qui doivent se retrouver face à face mercredi à Paris dans le cadre d'une réunion organisée par François Hollande sur le Liban.
S'exprimant pour la première fois à Kiev depuis l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle équipe marquée par son attachement à l'Europe, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a pris son ton le plus ferme pour critiquer le président Vladimir Poutine.
Dans le même temps à Washington, le président Barack Obama a carrément mis en doute la bonne foi de Vladimir Poutine affirmant que ses déclarations "ne trompent personne".
Tensions inédites
Après plus de trois mois de crise politique dans l'ex-république soviétique aboutissant à la destitution du président Viktor Ianoukovitch, la prise de contrôle de la plus grande partie de la Crimée par des forces russes a provoqué des tensions inédites depuis la chute de l'URSS entre Moscou et les pays occidentaux.
Dénonçant un "acte d'agression" de la Russie contre l'Ukraine, le responsable américain a toutefois assuré ne pas chercher la "confrontation" avec Moscou.
Menaces de sanction
Les Etats-Unis avaient déjà accentué leur pression lundi sur la Russie en rompant toute coopération militaire avec Moscou et en menaçant de nouvelles sanctions.
En visite à Tunis, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a affirmé que les menaces de sanctions ne changeront pas la position russe sur l'Ukraine.
Les images de John Kerry à Kiev:
Retrouvez le déroulé de la journée de mardi ici: John Kerry vient apporter son soutien à l'Ukraine, le minute par minute
agences/jgal
Vladimir Poutine dénonce "un coup d'Etat"
Un peu plus tôt, le président russe était en effet sorti de son silence pour nier toute implication russe en Ukraine et dénoncer un "coup d'Etat" contre le "seul président légitime", Viktor Ianoukovitch. Il a néanmoins déclaré avoir dit à ce dernier qu'il n'avait plus d'avenir politique.
Alors que les Ukrainiens et les Occidentaux craignaient une opération militaire de grande envergure en Ukraine, le chef de l'Etat russe a estimé que l'envoi de troupes russes n'était "pas nécessaire pour le moment".
Dans ce climat tendu, la Russie a procédé, avec succès, à un tir d'essai de missile balistique intercontinental Topol d'une portée de 10.000 kilomètres. Washington a indiqué ensuite avoir été prévenu à l'avance de l'opération.
Les Bourses se ressaisissent
Les marchés financiers ont relâché la pression et veulent croire à un apaisement après les déclarations de Vladimir Poutine. Au lendemain d'un vent de panique, les Bourse de Paris et Francfort ont rebondi de plus de 2% et Moscou de 5%.
La Bourse suisse a elle aussi regagné mardi une bonne partie du terrain perdu avec son plongeon la veille. L'indice SMI a ainsi repris 164,21 points ou 1,98% par rapport à sa clôture lundi, à 8445,22 points.
Le face-à-face se poursuit sur le terrain
Dans la péninsule de Crimée, objet de l'attention de toutes les chancelleries des grandes puissances, le face-à-face se poursuit entre l'armée ukrainienne et des milliers de membres des forces russes qui les contiennent dans leurs casernes.
Depuis plusieurs jours, responsables militaires ukrainiens et russes se livrent une guerre des nerfs à coups d'ultimatums sur un possible assaut des forces russes.
Plus d'un millier de manifestants ont défilé mardi, drapeaux ukrainiens à la main, à Dontesk, dans le sud-est de l'Ukraine. Jusqu'ici dans cette ville, les partisans d'un rapprochement avec la Russie avaient davantage fait entendre leur voix.
Des engagements financiers pris
Parallèlement, Moscou va utiliser l'arme économique contre Kiev, ayant décidé de mettre fin au rabais sur le gaz vendu à l'Ukraine accordé en décembre dernier.
John Kerry a lui apporté dans ses bagages une importante assistance économique à Kiev, les Etats-Unis offrant d'accorder notamment un milliard de dollars dans le cadre d'un prêt international négocié actuellement avec le Fonds monétaire international.
L'Union europénne pour sa part s'engage à aider Kiev, au bord de la faillite, à régler sa dette de deux milliards de dollars pour ses achats de gaz russe.