Six ans après la crise mondiale des subprimes, la spéculation "est repartie comme en 40", a déclaré dimanche l'ancien trader Jérôme Kerviel dans un entretien exclusif donné à la RTS, à Parme en Italie, sur la route qu'il a décidé de faire à pied entre Rome et Paris, après sa rencontre avec le Pape François.
Accusé d'avoir causé l'une des plus grandes pertes spéculatives de l'histoire en 2008, le Français dénonce un système qui perdure, et un "même danger", donnant l'exemple de fonds hautement spéculatifs sur le climat, où les marchés spéculent sur "les températures qu'il fera dans 10 ans dans un pays donné."
Il dénonce l'absence absolue de lois et de régulations réellement contraignantes depuis la crise financière de 2008.
"Je ne suis pas en fuite"
Revenant sur l'affaire qui l'oppose à la Société générale, l'ex-trader reconnaît une "faute morale mais pas pénale". Il se félicite de l'annulation de l'arrêt qui l'obligeait à payer 4,9 milliards de dommages et intérêts.
"Je ne suis pas en fuite", affirme-t-il, ajoutant qu'il n'a jamais été tenté de disparaître à l'étranger. Il se dit conscient de pouvoir être arrêté à tout moment pour purger les 3 ans de prisons auxquels il est condamné.
Darius Rochebin
Milieu "macho" et "dur"
Jérôme Kerviel décrit aussi l’engrenage qui l'a amené à jongler avec des sommes jusqu'à 50 milliards d’euros, estimant avoir été encouragé par ses chefs.
"Ils m'appelaient "ma petite gagneuse" ou la "cash-machine", dit-il, évoquant un milieu "macho" et "dur", où deux "collègues d'une même équipe se faisaient de l'argent sur le dos de l'autre, assis à 50 centimètres de distance".
Il dit enfin aspirer à l'anonymat et n'exclut pas de refaire sa vie à l'étranger.