Les tendances des Municipales de la Haute-Savoie à Belfort
Les régions frontalières de la Suisse n'ont pas échappé aux tendances nationales du premier tour des Municipales dimanche: la gauche vacille en Franche-Comté alors que le Front national s'affirme en Haute-Savoie.
La percée du Front national et l'érosion de la gauche constatées au niveau national en France au premier tour des élections municipales de dimanche se vérifient dans les régions frontalières de la Suisse.
Le parti de Marine Le Pen place ainsi huit listes sur neuf au second tour en Haute-Savoie alors que l'UMP confirme sa position dominante.
La Suisse, un "exemple"
A Annecy, le candidat frontiste Thomas Noël a créé la surprise en prenant la seconde place avec 16,15% des voix, devant le candidat de gauche, Denis Duperthuy, qui recueille lui 14,27% des suffrages. Si le maire sortant Jean-Luc Rigaut (Union de la droite) garde une longueur d'avance, avec 40,26% des voix, la présence du FN, qui était absent du scrutin municipal en 2008, reflète le succès de la stratégie du parti d'extrême-droite sur le plan local.
Chef d'entreprise, Thomas Noël a su se faire connaître grâce à des positionnements clairs, notamment en étant le porte-parole de la Manif pour tous. S'inscrivant dans la droite ligne du Rassemblement Bleu Marine, il disait dimanche à la Tribune de Genève son admiration pour la Suisse et son désir de faire de la votation du 9 février un exemple. "Ils ont eu le courage de choisir leur immigration, de ne pas se laisser imposer les règles par Bruxelles", soulignait-il.
Moins étonnant, le FN domine le scrutin à Cluses. La liste de Dominique Martin, le chef de file du parti au niveau départemental, arrive même en tête, conquérant un tiers de l'électorat (31,41%). C'est toutefois un peu moins que le record absolu du candidat, qui avait obtenu 35,8% aux municipales de 2001.
Triangulaire à Annemasse
Dans les communes proches de Genève, la gauche se maintient à Annemasse. Avec 46,3% des voix, le maire sortant Christian Dupessey rate de 250 voix sa réélection au premier tour. La présence, inédite, d'un candidat FN, arrivé troisième (16,8%), le pousse à une triangulaire avec l'UMP-UDI, Louis Mermet (36,9%), en lice pour le second tour.
Pas de grand chamboulement dans les communes voisines. Ambilly, frontalière de Genève, confirme Guillaume Mathelier (PS) au poste de maire alors que la droite se maintient à Gaillard et Ville-la-Grand.
Parlementaires UMP réélus
Les principales figures de droite de la région passent eux la rampe dès le premier tour. Député-maire UMP de Divonne-les-Bains, dans l'Ain, Etienne Blanc a convaincu 52,09% des votants.
C'est aussi le cas de ses collègues UMP Marc Francina, à Evian-les-Bains, élu à 52,89%, et Martial Saddier, plébiscité à Bonneville par 70% des électeurs. De son côté, l'ex-président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer est réélu haut la main (62,78%) dans son fief à Annecy-le-Vieux.
Le MoDem domine à Saint-Julien-en-Genevois
Le centriste Antoine Vielliard s'est imposé avec 46,29% des voix au premier tour des Municipales à Saint-Julien-en-Genevois, devant le candidat UMP Pierre Brunet (27,5%) et surtout devant le successeur désigné du maire PS sortant, Jean-Michel Thénard. Le candidat de gauche, Michel de Smedt, arrive en effet troisième avec 26,6% des voix.
En 2008, la liste de droite avait appelé à voter socialiste pour empêcher le conseiller général de devenir maire. Aucune directive n'a encore été donnée dans la cité transfrontalière de 12'000 habitants où le 30 mars s'annonce animé.
Juliette Galeazzi
Publié
La gauche vacille dans l'est de la France
Malmenée sur le plan national, la gauche française risque aussi de perdre des fiefs historiques en Franche-Comté où elle a perdu dimanche six communes de plus de 3500 habitants alors que le FN passe la barre de 10% dans la région.
Emblématique, la ville de Belfort (50'000 habitants), dirigée pendant presque 25 ans par l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, aujourd'hui sénateur, pourrait bien virer à droite au second tour. Le maire sortant, le socialiste Eric Butzbach, n'a en effet recueilli que 21% des suffrages dimanche contre plus de 30% pour son adversaire, le député UMP Damien Meslot.
A Montbéliard aussi, le maire socialiste sortant est en difficulté avec un peu plus de 24% des voix contre 41% pour la liste UMP. Le Front national frôle en outre les 17% dans le berceau de la marque Peugeot.
Le maire de gauche sortant n'a pas réussi à asseoir sa position dominante au premier tour à Besançon, ne remportant qu'un tiers des voix. La capitale franc-comtoise se dirige donc vers une triangulaire serrée au second tour. La liste de droite, menée par Jacques Grosperrin a en effet récolté 31,64% des voix dimanche et le FN se classe troisième avec 11,76% des suffrages.
A Mulhouse, c'est l'UMP qui ne parvient pas à s'imposer. Son candidat Jean Rottner recueille 42,17% des voix, loin devant le socialiste Pierre Freyburger (31,39%). Le principal vainqueur du premier tour dans cette ville de 110'000 habitants est le Front national qui enregistre un score dépassant 21% des voix.
Notons encore qu'à Valentigney, la liste sur laquelle figure le ministre de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici devra batailler pour s'imposer au second tour. Dimanche, elle n'a rassemblé que 43% des suffrages contre 47 pour la liste Divers droite.