Mais que s'est-il passé avant le crash du Boeing 777 de Malaysia Airlines dans l'océan Indien? La réponse semble difficile à établir, tant la zone de recherche est immense et tant les questions demeurent nombreuses.
"Nous n'essayons pas de trouver une aiguille dans une botte de foin, nous en sommes encore à l'étape de chercher la botte de foin", a déclaré le chef adjoint des armées australiennes mardi, avant que de nouveaux débris potentiels ne soient retrouvés mercredi.
Ce que l'on sait du déroulement du vol
L'avion a décollé peu après minuit de Kuala Lumpur. Les contacts avec les radars civil puis militaires ont rapidement été perdus. Un satellite a ensuite reçu des signaux automatiques passifs qui limitent la zone où il aurait pu se trouver au moment de la disparition complète. Les détails:
Les boîtes noires
Localiser les boîtes noires dans l'immensité de l'océan Indien, à 2500 km au sud-ouest de Perth, sur la côte occidentale australienne, relève presque de la mission impossible.
Une course contre-la-montre est engagée pour retrouver ces balises, qui peuvent en théorie encore émettre une vingtaine de jours. Les boîtes noires émettent en effet un signal 30 jours ou un peu plus, avec une portée de détection moyenne de seulement 2 à 3 km.
Des appareils avec des sondes capables de détecter des signaux à 6000 mètres de profondeur ont été envoyés dans la zone supposée du crash pour tenter de retrouver les balises.
En outre, même si les boîtes noires sont retrouvées, les experts estiment que ces enregistreurs pourraient ne pas fournir les clés du mystère.
Le "Digital flight data recorder", qui enregistre les paramètres de vol, pourrait fournir des informations, mais l'enregistreur des paroles échangées dans le cockpit ne garde que les 2 dernières heures de conversation, soit bien après le changement de direction.
Les débris
A plusieurs reprises, des annonces de découvertes de débris ont été émises, sans qu'aucune pièce de l'avion n'ait été retrouvée avec certitude. Pour l'heure, aucune preuve physique du crash n'est donc disponible.
Des avions australiens et chinois ont repéré lundi des débris, qui pourraient être ceux de l'avion, dans la zone de recherches. Mardi, des satellites ont fait état de 122 débris dans la zone.
Après avoir été interrompues à cause de la météo lundi, les recherches ont repris mardi au moyen de douze avions. Cinq navires sont aussi dans la zone, mais les conditions météo rendent leur travail difficile.
Pour arriver déterminer la zone du crash, une analyse a été effectuée en prenant compte de la vitesse du pilote automatique (environ 350 noeuds) et de ce qui était connu en termes de carburant et d'autonomie de l'avion.
Les questions qui restent ouvertes
- Pourquoi le Boeing a-t-il subitement changé de cap, une heure après le décollage de Kuala Lumpur, pour repartir vers l'ouest, à l'opposé de sa destination prévue, à savoir Pékin?
- Pour quelles raisons les systèmes de communication ont-ils été désactivés?
- Comment se fait-il que l'avion ait ensuite volé pendant plus de sept heures, jusqu'à épuisement de son carburant?
- Pourquoi aller se perdre aux confins du sud de l'océan Indien, loin de toute terre?
Les scénarios
Outre les pistes farfelues, quatre scénarios ont été évoqués par les experts:
- le détournement
- un sabotage de la part d'un ou des deux pilotes, par exemple une opération suicide.
- une crise soudaine et mystérieuse qui rend incapables d'agir les pilotes et l'équipage et laisse l'appareil en pilotage automatique jusqu'à la fin.
- une panne, un problème technique ou un incendie, mais cette hypothèse semble la moins probable.
Au final, rien, pour le moment, n'étaye aucune de ces hypothèses.
Pour Chris Yates, expert dans l'industrie aéronautique, "il semble peu probable qu'on obtienne un jour une explication" à l'équipée folle du Boeing. "Nous n'avons toujours aucune idée de l'état mental du pilote et du co-pilote, nous ne savons pas si quelqu'un a pu s'introduire dans le cockpit (...) et nous n'avons reçu aucune revendication".
Nombre de familles des victimes estiment aussi que la Malaisie leur cache des informations importantes sur l'accident.
afp/boi