L'Ukraine saisira l'Institut d'arbitrage commercial de Stockholm si la Russie n'accepte pas de réduire le prix du gaz naturel qu'elle lui livre, a déclaré samedi le ministre ukrainien de l'Energie Iouri Prodan.
Le ministre a souligné que des négociations étaient en cours avec Moscou après la hausse de 80% du prix du gaz russe imposé à l'Ukraine cette semaine. "Ce prix est le plus élevé sur le territoire européen et ce n'est pas un prix économique mais politique", s'est plaint Iouri Prodan.
Gazprom justifie les hausses
Kiev a également entamé des discussions avec l'Union européenne pour trouver une source d'approvisionnement alternative.
Selon un accord de 2009, le prix du gaz est établi sur la base de plusieurs autres produits pétroliers. Kiev bénéficiait de deux rabais importants. Selon le PDG de Gazprom, ces deux rabais ont disparu "de manière tout à fait conforme au contrat", car l'Ukraine n'a pas payé ses dettes qui s'élevaient à 2,2 milliards de dollars fin mars contre 1,4 milliard fin décembre.
agences/mre
Menaces d'Angela Merkel et Catherine Ashton
"La Russie a tout intérêt à ce que l'Ukraine ne s'effondre pas sur les plans économique comme politique", a affirmé le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, en marge d'une réunion informelle avec ses homologues de l'UE à Athènes.
"La Russie joue un rôle important parce que la stabilisation économique de l'Ukraine dépend en partie des prix de l'énergie fournie" par Moscou, a précisé le diplomate.
A l'issue de la réunion, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a de nouveau appelé Moscou à "s'engager dans la désescalade" en Ukraine et réaffirmé que l'UE était prête à imposer de "nouvelles sanctions", notamment d'ordre économique, si la crise s'aggravait.
La chancelière allemande Angela Merkel a également menacé samedi la Russie de nouvelles sanctions, économiques cette fois-ci, en cas de nouvelle atteinte à "l'intégrité de l'Ukraine".
Ombre d'une "guerre du gaz"
Le premier ministre ukrainien a agité le spectre d'une nouvelle "guerre du gaz" pouvant menacer les approvisionnements européens, disant s'attendre "à ce que la Russie restreigne ou stoppe les livraisons" à l'Ukraine.
Moscou a déjà coupé le robinet de l'Ukraine lors de conflits bilatéraux, et par là même le flux d'exportation vers l'Europe.
Gazprom, le géant gazier russe souvent accusé d'être un bras armé du Kremlin, fournit environ le tiers des approvisionnements de l'UE. Et près de 40% de ce gaz transite via l'Ukraine.