Le président rwandais Paul Kagame s'est montré très virulent lundi à l'égard de la France sur son rôle toujours controversé durant le génocide de 1994 lors des commémorations des 20 ans de ce drame, qui ont débuté lundi.
Le chef de l'Etat a également dénoncé les critiques occidentales sur l'autoritarisme supposé de son gouvernement. La France n'a pas participé à la cérémonie en raison du refus des autorités rwandaises.
Acclamations
"Les gens ne peuvent être soudoyés ou forcés de changer leur histoire. Aucun pays n'est assez puissant - même s'il pense l'être - pour changer les faits", a déclaré en anglais le président rwandais lors des cérémonies de commémorations du génocide, déclenchant les acclamations des 30'000 spectateurs rassemblés au Stade Amaharo de Kigali.
Immédiatement avant, il avait estimé qu'il n'existait "aucune justification à établir des parallèles soi-disant moraux, le temps écoulé ne doit pas occulter les faits, amoindrir les responsabilités ou transformer les victimes en méchants".
Quelque 800'000 morts
Le 6 avril 1994, l'avion du président hutu Habyarimanana, de retour de négociations en Tanzanie avec la rébellion majoritairement tutsi commandée par Paul Kagame, avait été abattu au-dessus de Kigali.
Les massacres avaient commencé le lendemain. Ciblés, les Tutsis furent tués - souvent à la machette et au gourdin - chez eux, aux barrages érigés à travers le pays ou dans les églises où ils s'étaient réfugiés, par des militaires et miliciens hutus, assistés par une partie de la population.
Impuissante face aux tueries, l'ONU avait fini par retirer ses soldats. Au total, les massacres ont fait 800'000 morts, essentiellement de la minorité tutsie, en une centaine de jours.
afp/fxl
Début des cérémonies
Les cérémonies de commémoration du génocide de 1994 au Rwanda ont débuté lundi.
Le président Paul Kagame, son épouse et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon ont allumé une "flamme du deuil" au mémorial du génocide de Gisozi, à Kigali. La torche brûlera durant 100 jours, marquant la centaine de jours que durèrent les massacres entre avril et juillet 1994.
"Notre culture commune est notre identité, notre langue nous unit", ont chanté en kinyrwanda les 30'000 spectateurs, reprenant en choeur l'hymne national, dans le grand Stade Amahoro ("paix") en présence de huit chefs d'Etat africains notamment.
Ban Ki-moon a assuré que la "honte" de l'ONU de n'avoir pas pu empêcher le génocide ne s'était "pas effacée".