De nouveaux trains régionaux prévus en France vont nécessiter de raboter 1300 quais pour un coût de 50 millions d'euros, l'affaire révélée par le Canard Enchaîné mercredi a déclenché un tollé en France face au ridicule de la situation.
C'est "rocambolesque", a commenté le secrétaire d'Etat français au Transport, Frédéric Cuvillier, en dénonçant un "dysfonctionnement" dû à l'existence en France de deux entités ferroviaires, la Société nationale des Chemins de fer (SNCF) et le Réseau ferré de France.
Cahier des charges
Le matériel concerné - 182 rames TER Regiolis du Français Alstom et 159 Regio 2N du Canadien Bombardier - va entrer en service progressivement d'ici 2016.
Beaucoup de ces trains trop larges ont été construits alors qu'il n'existait pas de norme et l'écartement entre deux quais ou entre le quai et la voie n'est pas le même dans les différentes gares de France.
C'est pourtant, selon l'hebdomadaire, la SNCF qui "a défini le cahier des charges avec les dimensions des nouvelles rames". "Or, les savants ingénieurs de la SNCF ont omis de vérifier la réalité sur le terrain", note le journal satirique.
agences/jgal
Les réactions en chaîne
Mercredi, cette affaire provoquait en France une avalanche de réactions mêlant consternation et ironie. Le porte-parole du gouvernement socialiste, Stéphane Le Foll, a jugé "assez consternante" l'affaire des trains trop larges, estimant que cela "justifie d'autant plus la réforme ferroviaire qui est en préparation".
Il faut que "toute la clarté" soit faite "sur les raisons pour lesquelles des décisions aussi stupides ont été prises", a renchéri la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal. "Il faudrait que les gens sortent de leurs bureaux", a-t-elle lancé.
En position de force à l'approche des élections européennes, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a dénoncé de son côté un "gaspillage de l'argent public insupportable".
Les futures gares du Ceva pas concernées
Le scandale des rames "trop larges" de la SNCF survient alors que le Regiolis du constructeur français Alstom est en concurrence directe avec le Flirt France de l'entreprise suisse Stadler Rail pour remporter le marché de la future ligne Cornavin Eaux-Vives Annemasse (Ceva).
"Les gares construites pour le Ceva ont été prévues en fonction des normes européennes PEL4", a déclaré à la RTS Caroline Monod, chargée de communication pour le Ceva. "La largeur des trains ne sera donc pas un problème sur le parcours du futur RER franco-genevois", a-t-elle ajouté.
Quelque 40 rames seront nécessaires pour parcourir les 230 kilomètres du futur réseau. La commande totale pourrait s'élever à 400 millions de francs.