LA CLASSE MOYENNE
Contrairement à l'idée largement répandue, la majorité des manifestants contre la Coupe du monde de football au Brésil ne sont pas issus des couches défavorisées, mais de la classe moyenne.
Les fonctionnaires, notamment les professeurs, ainsi que certaines corporations comme les chauffeurs de bus, les employés du métro ou les métallurgistes sont au coeur de la contestation. Ils protestent contre le coût de l'organisation du Mondial, évalué entre 9 et 14 milliards de francs.
Selon eux, cet argent aurait dû être investi ailleurs. La lutte contre le chômage, contre l'inflation - en particulier dans le domaine du logement et des transports - et contre le délabrement des infrastructures publiques - écoles, hôpitaux - figurent au centre de leurs revendications.
La Coupe du monde, un bienfait pour les Brésiliens?:
LES ÉTUDIANTS
Les organisations d'étudiants sont également au centre des protestations. Parmi elles figure notamment le Movimento Passe Livre (Mouvement "laissez-passer", MPL), dont le cheval de bataille est la gratuité des transports.
Le MPL avait été à l'origine de la fronde sociale massive de juin 2013 au Brésil, en pleine Coupe des Confédérations, déclenchée suite à une hausse des tarifs des transports à São Paulo.
>> Pour en savoir plus : Prix des transports et coût du Mondial: pourquoi le Brésil s'enflamme?
LES CLASSES DÉFAVORISÉES
Même s'ils ne forment pas la majeure partie des manifestants, les plus pauvres sont aussi mobilisés contre la Coupe du monde. Leur revendication principale concerne le droit à un logement décent, dont près de 50 millions de Brésiliens sont privés.
Pour le Mouvement des travailleurs sans toit (MTST), des milliers de familles ont été contraintes de quitter leur domicile à cause de la hausse des loyers liée à la manifestation. D'autres ont été expulsées pour permettre la construction des stades et autres infrastructures.
Reportage sur les riverains du stade Maracana expulsés (11 janvier 2014):
LES GROUPES ANARCHISTES VIOLENTS
Les "black blocs", des anarchistes vêtus de noir et cagoulés, sont qualifiés de "casseurs" par le gouvernement brésilien, qui leur impute la plupart des violences commises lors des manifestations.
Plusieurs groupes radicaux ont d'ores et déjà promis de mener des actions durant le Mondial. Début mai, la Cellule de solidarité internationale a ainsi appelé dans un communiqué "à la conspiration, au sabotage et aux attaques" contre "cette Coupe du monde de m..."
Incidents lors d'une manifestation anti-Mondial à São Paulo (15 mai 2014):
LES MOUVEMENTS INDIGÈNES ET SOCIAUX
Les Indiens du Brésil profitent aussi de la caisse de résonance que représente la Coupe du monde pour faire passer leurs revendications, la défense de l'Amazonie et la sauvegarde des cultures indigènes.
Jeudi 27 mai, quelque 500 chefs indiens - dont le célèbre cacique Raoni - sont ainsi montés sur le toit du Parlement à Brasilia pour réclamer des politiques pour leurs peuples, avant de se joindre à d'autres manifestants.
De son côté, l'organisation de défense des peuples indigènes Survival International a lancé une campagne intitulée "La face cachée du Brésil", dans laquelle elle dénonce l'appropriation des terres des Indiens par le gouvernement.
Une manifestation d'Indiens réprimée à Brasilia (27 mai 2014):
LES ONG ET DÉFENSEURS DES DROITS DE L'HOMME
De nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) dénoncent certaines dérives. Amnesty International a ainsi délivré un "carton jaune" à l'Etat brésilien en raison, notamment, de la répression des manifestations et des restrictions à la liberté d'expression et de réunion.
D'autres organisations mettent en garde contre l'insécurité sur les chantiers, alors que les organisateurs sont sous pression à cause de retards dans l'avancée des travaux. Huit ouvriers sont morts sur les chantiers des stades, a-t-on appris fin mai.
Reportage sur des émeutes après la mort d'un danseur à Rio (22 avril 2014):
LES POLICIERS
Les policiers fédéraux brésiliens manifestent eux aussi leur mécontentement à l'approche du Mondial. Ils profitent de l'attention médiatique pour réclamer de meilleures conditions de travail.
Dans sept Etats fédéraux, les policiers civils (qui s'occupent des enquêtes criminelles) ont ainsi mené une grève le 21 mai pour exiger de meilleurs salaires et des réformes dans la politique de sécurité du pays, qui selon leur syndicat est un "chaos".
Une semaine plus tôt, une vague de pillages de commerces a secoué Recife (nord-est) à la suite d'une grève partielle de la police militaire dans cette ville hôte de la Coupe du monde de foot.
Didier Kottelat
"Désolé, Neymar", l'hymne anti-Mondial
Le chanteur brésilien Edu Krieger a publié sur le web une chanson contre la Coupe du monde intitulée "Desculpe, Neymar", du nom de la star de la Seleçao.
"Désolé, Neymar, mais pour cette Coupe, je ne vous soutiendrai pas", chante Edu Krieger dans ce titre, rapidement devenu un hymne anti-Mondial.
"Desculpe, Neymar" (sous-titré en français):