Une foule imposante de plusieurs dizaines de milliers de personnes munies de bougies s'est rassemblée mercredi au Victoria Park à Hong Kong pour commémorer le 25e anniversaire de l'écrasement du printemps de Pékin.
Quelque 200'000 personnes étaient attendues pour cette veillée annuelle que l'ancienne colonie britannique marque d'autant plus fortement que l'événement est plus sévèrement censuré cette année à Pékin, comme chaque fois qu'il tombe tous les cinq ou dix ans.
Les députés prodémocratie du parlement hongkongais, vêtus de noir, ont aussi observé une minute de silence.
Ordre à Pékin
En revanche, sur la place Tiananmen elle-même, à Pékin, les forces de l'ordre s'étaient déployées en masse pour empêcher toute tentative d'évocation ou de commémoration de l'événement.
Sur l'avenue de la paix éternelle, qui longe le nord de la place, des véhicules de police étaient postés tous les 50 mètres. Aux sorties du métro ou sur les trottoirs, les contrôles de sécurité ont provoqué de longues files d'attente.
Contrôles de sécurité
Les étrangers étaient particulièrement contrôlés, les policiers traquant d'éventuels journalistes internationaux. Les organes de presse nationaux sont eux interdits de reportage sur les événements de cette date dont la mémoire est officiellement proscrite.
Pour gagner le site névralgique du pouvoir communiste chinois, les passants devaient montrer patte blanche, passer sous des portiques de sécurité ou encore ouvrir leur sac.
Au moins 66 personnes ont été placées en détention, en résidence surveillée ou placées à l'extérieur de la capitale à l'approche du 4 juin, selon Amnesty International.
afp/ptur
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La place Tiananmen il y a 25 ans et aujourd'hui:
Sinologues internationaux mobilisés
Plus de 200 sinologues occidentaux et asiatiques ont demandé aux autorités chinoises la libération des militants chinois emprisonnés à l'approche du 25ème anniversaire de l'écrasement du mouvement de Tiananmen.
Ils ont publié mercredi deux lettres ouvertes en ce sens, dont l'une adressée au président chinois Xi Jinping.
Ils se réfèrent notamment au cas de cinq intellectuels interpellés début mai après avoir participé à un "séminaire" sur Tiananmen dans un appartement pékinois.
Des documents évoquent une répression "brutale"
Un document américain, déclassifié mardi par les archives de sécurité nationale, cite un témoin anonyme qui avait fait état d'une répression "brutale" du mouvement de protestation étudiant, avec l'intention d'infliger aux manifestants d'importantes pertes.
Selon cette source, les soldats chinois "rigolaient et tiraient au hasard sur n'importe quel rassemblement de personnes qu'ils croisaient".
Le document relève aussi la confusion et le chaos qui régnaient alors en Chine, et souligne qu'à l'époque, les informations étaient sommaires et parfois complètement fausses.
Washington a par ailleurs aussi demandé à Pékin de dévoiler le nombre de victimes de la répression.