Alors que la presse mondiale accorde une large place au 25e anniversaire des manifestations de Tiananmen, l'événement n'est pas mentionné par les médias chinois. Pour eux, le 4 juin n'existe pas.
"La date que vous mentionnez n'est pas une information, mais une question politique et sur ce sujet les journalistes n'ont pas une liberté de parole à 100%", a expliqué un journaliste chinois anonyme à la RTS. Et de préciser: "Cela ne veut pas dire que nous oublions".
Écouter l'entretien:
Des écrans noirs à la télé
La censure de Pékin ne s'abat toutefois pas que sur les médias nationaux. Le signal des télévisions internationales, CNN, BBC et TV5Monde, ont été coupés en Chine à chaque fois qu'il était question de Tiananmen.
(Traduction: "Enorme dispositif policier à Pékin et écrans noirs sur les informations de BBC et CNN pour taire le 25e anniversaire de #Tiananmen", écrit sur Twitter le correspondant de La Vanguardia)
La rediffusion du 19h30 de la RTS sur TV5Monde a été censurée en Chine comme le montrent les images ci-dessous.
Ce voile noir est apparu au moment où le présentateur Darius Rochebin annonçait le témoignage de la correspondante de la RTS arrêtée en plein reportage à Pékin.
Le récit d'Aviva Fried:
Google et Gmail bloqués
Pour fêter les 25 ans de Tiananmen, les autorités chinoises ont rendu inaccessibles plusieurs services de Google, rapportait dès lundi le New York Times. Outre le moteur de recherches Google, Gmail, Google Calendar et Goolge Translate ont été affectés.
L'utilisation de Google traduction en Chine a chuté de plus de 50% au cours du week-end dernier, relevait pour sa part le Monde.fr mardi.
Si ce n'est pas la première fois que la Chine prend pour cible Google, "c'est de loin la plus grande attaque contre Google en Chine", selon le cofondateur du site indépendant GreatFire.org qui répertorie les cas de censures en Chine. Neuf utilisateurs chinois sur dix auraient été touchés.
Les mots interdits
Mercredi, 64 mots clés relatifs à Tiananmen étaient censurés sur Weibo, le Twitter chinois, relevait Jason Q. Ng, chercheur à l'Université de Toronto sur le blog China Real Time, du Wall Street Journal.
Parmi eux figurent, entre autres, tank, six four, TAM ou encore Martial Law, Student leaders ou encore Flower of Freedom et Blood is on the square.
Cette même liste avait été censurée l'an dernier, selon les tests de The Citizen Lab. Cette année neuf mots ont été ajoutés: 89, les chiffres 8,9,6 ou encore "8 squared" qui donne 6-4 pour 4 juin...
jgal
Hong Kong échappe toujours au contrôle
Colonie britannique en 1989, à l'époque des manifestations violemment réprimées de Tiananmen, Hong Kong est le porte-drapeau du souvenir des événements que Pékin cherche à tout prix à occulter. C'est en effet la seule ville chinoise où l'événement est reconnu et commémoré.
La liberté d'expression et le droit de rassemblement sont par ailleurs des acquis inaliénables à Hong Kong. A la différence de la Chine continentale, il est donc possible d'organiser une cérémonie de commémoration. Mais si Hong Kong se souvient, c'est aussi qu'elle a suivi de près les événements de Tiananmen. Ses étudiants se sont mobilisés même temps que ceux de Pékin et des millions de dollars avaient été levés pour soutenir leurs camarades en Chine.
Enfin, pour les habitants de Hong Kong, inquiets pour leur sort, cette manifestation est l'occasion de réclamer l'avènement d'une démocratie en Chine.
Le suivi des commémorations, en cliquant ici