Dansant et chantant sur les bords du lac Victoria, les militants de la cause homosexuelle en Ouganda ont organisé samedi leur première "Gay Pride" depuis l'annulation par la Cour constitutionnelle d'une nouvelle législation anti-homosexualité mais le gouvernement a contre-attaqué en faisant appel de la décision en justice.
Loi invalidée le 1er août
Cette Gay Pride célébrait une rare bonne nouvelle pour la communauté homosexuelle dans un pays où les relations sexuelles entre personnes du même sexe, déjà passibles de la prison à vie, étaient tombées sous le coup d'une nouvelle législation durcissant encore la répression.
Jugeant que le quorum de députés requis pour son adoption n'avait pas été réuni, la Cour constitutionnelle avait annulé le 1er août la loi votée au Parlement en décembre 2013 et promulguée en février dernier par le président Yoweri Museveni.
La loi avait entraîné des protestations en Occident notamment, où plusieurs bailleurs de fonds, dont les Etats-Unis, avaient suspendu certaines aides.
afp/mac
Une loi jugée "abominable"
Dénoncée comme "abominable" par les groupes de défense des droits de l'homme, la loi maintenait la prison à vie pour les homosexuels prévue dans la législation, héritée de l'époque coloniale et toujours en vigueur. Elle y ajoutait la répression de la "promotion de l'homosexualité" et l'obligation de dénoncer les homosexuels.
"La loi n'avait pas l'intention de stigmatiser les homosexuels, elle visait l'intérêt général", selon l'adjoint du conseiller juridique représentant le gouvernement en justice.
Nombreux pays africains homophobes
Selon ses critiques, le président ougandais Museveni avait promulgué la législation en vue de la présidentielle de 2016, qui marquera sa 30e année au pouvoir, dans un pays où l'homophobie, ouvertement relayée par les puissantes Eglises évangéliques, est largement répandue.
L'Ouganda est loin d'être une exception: près des trois quarts des pays d'Afrique disposent de législations interdisant ou réprimant l'homosexualité, souvent héritées des lois coloniales.