Un ex-haut dirigeant de la compagnie pétrolière d'Etat Petrobras a déclenché une tempête en pleine campagne électorale au Brésil. Il a accusé des dizaines d'élus de la coalition de gauche au pouvoir d'avoir bénéficié d'un système de versements de pots de vins. Ces révélations occupent les principaux journaux brésiliens depuis samedi.
Réduction de peine
Inculpé dans le cadre d'un vaste dossier de blanchiment d'argent pour lequel il encourt 30 ans de prison, cet ancien directeur du raffinage de Petrobras de 2004 à 2012 espère bénéficier d'une réduction de peine.
Il a fourni aux enquêteurs une liste de noms de députés, sénateurs et gouverneurs auxquels Petrobras aurait versé des pots de vins lors de l'attribution de marchés surfacturés à des prestataires de services.
Il a mis en cause 49 députés, 12 sénateurs et un gouverneur appartenant à trois partis politiques de la majorité parlementaire, assure le quotidien d'opposition Folha de Sao Paulo.
ats/cab
Une bombe politique
Ces révélations ont fait l'effet d'une bombe dans les états-majors politiques brésiliens, plongés en pleine campagne pour les élections générales du 5 octobre: présidentielle, législative, gouverneurs des Etat de l'Union et sénatoriales partielles.
Elles tombent au plus mal pour la présidente de gauche Dilma Rousseff, à la lutte pour combler son retard contre l'écologiste Marina Silva.
Celle-ci est en effet donnée favorite du probable second tour de la présidentielle du 26 octobre, avec une avance très large allant de sept à quinze points, selon les sondages.
Dilma Rousseff (Parti de travailleurs) a réagi avec prudence à ce tourbillon médiatique. Elle a dit attendre d'en savoir plus sur l'enquête avant de se prononcer et de prendre d'éventuelles mesures.
L'affaire en bref
Paulo Roberto Costa a expliqué aux policiers que les élus impliqués percevaient des commissions de 3% sur la valeur de contrats signés par Petrobras avec des prestataires.
Et cela, tout au long des années où il était en fonctions, soit pendant les deux mandats de l'ex-présidente Luiz Inacio da Silva et les deux premières années du mandat de son héritière politique Dilma Rousseff.
Costa est inculpé dans le cadre de l'affaire "Lava Jato" ("Lavage express"), qui a permis de démanteler un réseau de blanchiment qui aurait lessivé jusqu'à 4,5 milliards de dollars.