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Radovan Karadzic: "J'étais réellement un vrai ami des musulmans"

Radovan Karadzic a choisi d'assurer sa défense tout seul. [AP Photo/ICTY via Associated Press Television]
Radovan Karadzic a choisi d'assurer sa défense tout seul. - [AP Photo/ICTY via Associated Press Television]
Radovan Karadzic a prononcé mercredi sa plaidoirie dans son procès pour génocide à La Haye. L'ex-chef des Serbes de Bosnie s'est dit l'ami des musulmans et a accusé le procureur de tromper la cour.

Alors que son procès entre dans sa phase terminale, l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, qui assure lui-même sa défense, a livré sa propre plaidoirie mercredi devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, à La Haye.

"J'étais réellement un vrai ami des musulmans (...) mais tout cela a été passé sous silence (par l'accusation, ndlr)", a déclaré Karadzic, qui doit notamment répondre du massacre de Srebrenica en 1995.

"J'ai tout fait pour éviter la guerre"

Ratko Mladic et Radovan Karadzic durant la guerre de Bosnie en 1995. [AP Photo - Sava Radovanovic]
Ratko Mladic et Radovan Karadzic durant la guerre de Bosnie en 1995. [AP Photo - Sava Radovanovic]

Bien qu'il ait dit avoir "une responsabilité morale" pour les crimes commis lors de la guerre de Bosnie, en tant que leader des Serbes de Bosnie, l'accusé plaide non coupable des onze accusations retenues contre lui.

"C'est le peuple serbe qui est accusé, l'entièreté du peuple serbe", a-t-il affirmé, accusant le bureau du procureur de ne viser que des Serbes pour les crimes commis durant la guerre. Et d'ajouter:  "Je connais la vérité, le bureau du procureur connaît la vérité et il tente de tromper la Cour".

"J'ai tout fait pour éviter la guerre, et durant la guerre, j'ai tout fait pour limiter les souffrances le plus possible", a encore soutenu Karadzic, qui avait été interpellé en juillet 2008 dans un bus à Belgrade après plus de dix ans de cavale et alors qu'il se faisait passer pour un thérapeute aux méthodes alternatives.

afp/boi

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Les prochaines étapes

La plaidoirie de Karadzic, qui se poursuivra jeudi, est l'une des dernières étapes de ce procès marathon qui s'est ouvert il y a cinq ans devant le TPIY.

Il s'agit de l'une de ses dernières opportunités de clamer son innocence.

L'accusé, qui a choisi d'assurer lui-même sa défense, et le bureau du procureur pourront s'exprimer une dernière fois le 7 octobre, après quoi les juges délibéreront.

Le jugement n'est pas attendu avant octobre 2015.

Le procureur a requis la prison à vie.

Lundi, l'accusation avait soutenu dans son réquisitoire que Radovan Karadzic est "responsable de chacune des tragédies" de la guerre de Bosnie.

Le rappel des faits

Radovan Karadzic est accusé d'avoir orchestré, avec le général Mladic et l'ex-président yougoslave Slobodan Milosevic, le nettoyage ethnique de larges territoires de la Bosnie à l'issue du démantèlement de la Yougoslavie en 1991.

Karadzic est notamment accusé du massacre de 8000 musulmans par les forces serbes de Bosnie à Srebrenica en juillet 1995, le pire massacre commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Au total, la guerre de Bosnie a fait quelque 100'000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995.

Karadzic, 69 ans, doit répondre de 11 chefs de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide commis lors de la guerre de Bosnie.

Le TPIY a inculpé 161 personnes pour les crimes commis dans les guerres ayant suivi l'éclatement de la Yougoslavie. La plupart d'entre eux sont des Serbes, mais des Croates, Kosovars ou encore des musulmans de Bosnie ont également été poursuivis.