Alors que plus d'un tiers de la ville kurde syrienne de Kobané est contrôlé jeudi par les djihadistes de l'EI, qui continuent d'avancer vers le centre, le gouvernement turc refuse de lancer une opération militaire.
Cette décision suscite la frustration de Washington et la colère des Kurdes, qui continuent à manifester.
Le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a jugé qu'il n'était "pas réaliste" que son pays envoie seul des troupes combattre les djihadistes, malgré le feu vert du Parlement turc.
Colère des Kurdes
L'apparente passivité de la Turquie provoque aussi la colère de la population kurde. De nombreuses émeutes ont éclaté depuis un appel lundi du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à manifester contre le refus d'Ankara de venir en aide à Kobané.
De nombreux heurts ont été recensés dans tout le pays, aussi bien à Istanbul que dans le Sud-Est à majorité kurde, dont six provinces ont pourtant été soumises à un couvre-feu militaire inédit depuis 22 ans.
ats/jvia
Frictions avec les Etats-Unis
Les Etats-Unis ont pressé jeudi la Turquie de s'impliquer davantage dans la lutte contre le groupe Etat islamique qui menace sa frontière, au moment où le patron américain de la coalition internationale est en visite à Ankara.
Signe des frictions turco-américaines sur le conflit syrien, les deux gouvernements ont étalé au grand jour mercredi leur désaccord sur la question d'une "zone tampon" réclamée par Ankara à sa frontière avec la Syrie.
Ankara juge aussi insuffisantes les frappes aériennes de la coalition internationale pilotée par les Etats-Unis contre l'EI et redoute de surcroît qu'elles ne renforcent le régime du président syrien Bachar al-Assad, sa bête noire.
Sur le terrain
La coalition internationale dirigée par les Etats-Unis a procédé jeudi à deux nouvelles frappes aériennes contre une cible des djihadistes de l'EI près de Kobané.
Selon l'ONG Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les djihadistes de l'EI se rapprochent de ce qui est appelé "le carré de sécurité", où se trouvent des bâtiments officiels et le commandement des Unités de protection du peuple (YPG, la milice kurde).