Un rapport publié récemment en Italie signale l'échec de l'Etat dans la lutte contre la mafia. Si le nombre de parrains arrêtés n'a jamais été aussi élevé, en revanche les institutions ne parviennent pas à réutiliser les biens confisqués à la criminalité organisée. Dans 85% des cas, les entreprises saisies finissent par faire faillite.
Frapper la mafia là ou ça fait mal, c'est-à-dire au portefeuille, tel était le but de la loi sur la confiscation des biens de la criminalité organisée, adoptée par l'Italie il y a plus de trente ans.
Liquidations ou faillites
Des milliers de bâtiments, de terrains agricoles, de bars ou encore d'entreprises de constructions ont ainsi été saisis sur ordre de la magistrature. Mais dans la très grande majorité des cas, l'Etat ne parvient pas à maintenir ces entreprises sur le marché.
"Seulement 10 à 15% sont encore en activité, la plupart ont été mises en liquidation ou ont fait faillite", constate Michele Riccardi professeur à l'Université de Milan.
"Mieux que rien"
Les autorités italiennes reconnaissent que le bilan est préoccupant. Mais elles soulignent que la législation sur la confiscation des biens de la mafia a au moins le mérite d'exister, ce qui n'est pas encore le cas dans tous les pays européens.
Eric Josef/kkub
Chômage rime avec défiance contre l'Etat
La raison de cet échec est dû principalement à la nature même des entreprises de la mafia. Ce sont souvent des sociétés qui ne sont pas compétitives et qui servent avant tout à recycler de l'argent sale. Une fois remises dans le circuit légal, elles doivent payer des impôts et ne plus employer des travailleurs au noir, et ne sont plus concurrentielles.
Les associations de lutte contre la mafia tirent la sonnette d'alarme, car la faillite des anciennes entreprises de Cosa nostra met au chômage le personnel et alimente la défiance envers l'Etat.