Alors que le seuil des 10'000 cas d'Ebola enregistrés par l'OMS est presque atteint, l'Organisation mondiale de la santé déplore un manque de personnel médical étranger en Afrique de l'Ouest.
Première cause de cette désaffection: les risques encourus par les soignants.
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Aude Thorel, directrice adjointe des ressources humaines chez Médecins sans frontières, raconte ainsi avoir été choquée par ses trois semaines de mission au Liberia, au point d'avoir dû consulter un psychologue à son retour.
"Il y a des moments où ça refait surface"
"Il y a des moments où ça envahit, ça refait surface. Ce n'est pas acceptable, pas supportable de voir des gens en danger de mort qui appellent à l'aide et de ne rien pouvoir faire."
De son traumatisme, elle raconte aussi avoir eu besoin de temps pour s'habituer à nouveau à la vie en Suisse, frôlant la crise de panique dans un supermarché.
"Il y avait beaucoup trop de gens, beaucoup trop proches de moi, et je n'arrivais pas à garder mes distances de sécurité pour qu'ils ne me contaminent pas. Il faut pas mal de temps pour laisser tomber la garde."
Le témoignage d'Aude:
Rejet de l'entourage
Outre l'horreur vécue sur le terrain, les humanitaires de retour doivent faire face aux réactions de rejet de leur entourage.
"Ma famille ne m'a pas soutenue et m'a même interdit de revenir pour Noël. En tant qu'humanitaire allant au Libéria, vous êtes banni", déplore Louise, infirmière pour MSF, qui s'apprête à partir en mission au Liberia.
"Vos proches vous infligent la peur qu'ils ont perçue dans les médias. Et c'est très dur à gérer", conclut Louise.
Marc Allgöwer/RTSinfo
"On a traité des milliers de patients"
Aude Thorel insiste: "il est possible de gérer la maladie, en faisant preuve de beaucoup de rigueur". "On a traité des milliers de patients", martèle-t-elle.
"Il faut raisonner. La manière de gérer cette maladie, c'est de l'attaquer là où elle est et non pas d'en avoir peur ici."