Des centaines de milliers de Burkinabès sont descendus dans la rue mardi pour dénoncer un projet de révision constitutionnelle permettant le maintien au pouvoir du président Blaise Compaoré, une manifestation d'une ampleur historique sur le continent.
Une marche organisée dans la capitale Ouagadougou a rassemblé "un million" de personnes, selon l'opposition. Elle a été marquée par des affrontements en fin de matinée entre manifestants et forces de l'ordre, a constaté le correspondant de l'AFP.
Le cortège, massif, s'était ébranlé vers 09H30 GMT, alors que la place de la Nation, point central de la capitale, débordait de monde.
Mobilisation rare
Sifflets et vuvuzelas constamment à l'oeuvre, les protestataires arboraient des milliers de pancartes hostiles au régime, parmi lesquelles: "Judas, libérez les lieux", "Blaise dégage" ou encore "Article 37 intouchable".
Une telle mobilisation populaire pour une manifestation politique est rare en Afrique sub-saharienne.
afp/jgal
Le projet de loi controversé
L'Assemblée nationale examinera jeudi un projet de loi gouvernemental très controversé, visant à réviser l'article 37 de la Loi fondamentale pour faire passer de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels.
Ce changement permettrait à Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans et qui devait achever en 2015 son dernier mandat, de se présenter à nouveau à l'élection présidentielle.
Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir en 1987 par un putsch, terminera l'an prochain son deuxième quinquennat (2005-2015) après avoir effectué deux septennats (1992-2005).
Affrontements en marge de l'événement
Des affrontements ont éclaté vers 11h30, avec plusieurs centaines de manifestants qui lançaient des pierres sur les forces de l'ordre, celles-ci ripostant avec des gaz lacrymogènes.
De premiers heurts avaient opposé dans la nuit protestataires et gendarmes sur la principale route du pays, la Nationale 1, sur laquelle des barricades avaient été dressées.
L'opposition avait appelé à manifester dans tout le pays contre ce qu'elle appelle un "coup d'Etat constitutionnel" du président Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans.