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Explosion de violence au Burkina Faso contre une loi controversée

Burkina Faso: les manifestants sèment le chaos à Ouagadougou
Burkina Faso: les manifestants sèment le chaos à Ouagadougou / 19h30 / 2 min. / le 30 octobre 2014
Après le saccage de l'Assemblée nationale et de la TV publique et la mort de trois personnes, le gouvernement du Burkina Faso a annulé un projet de réforme en faveur du président Blaise Compaoré.

Le Burkina Faso a sombré dans le chaos jeudi en raison d'un vote de l'Assemblée nationale sur un projet de loi controversé. Plus d'un millier de manifestants ont pris d'assaut l'Assemblée nationale à Ouagadougou, où le feu a été bouté, avant de s'attaquer à la télévision nationale.

Ces violences ont fait au moins trois morts, tués par balle.

Projet de loi retiré

En raison de ces événements, le projet de révision de la Constitution qui devait autoriser le président Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir après 2015 a été retiré.

Le président a appelé la population au calme:

"Lougué au pouvoir"

Mais les manifestants n'entendaient pas en rester là jeudi. Demandant la démission du chef de l'Etat, des responsables de l'opposition devaient rencontrer dans l'après-midi le général en retraite Kouamé Lougué.

Les protestataires expriment leur mécontentement depuis plusieurs jours déjà. [KEYSTONE - Theo Renaut]
Les protestataires expriment leur mécontentement depuis plusieurs jours déjà. [KEYSTONE - Theo Renaut]

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants, à proximité d'une caserne centrale, scandaient "Lougué au pouvoir".

Armée discrète

L'armée comme la police ont brillé par leur passivité durant la journée. Seul un corps d'élite protégeait encore la présidence.

Mardi déjà, des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue à Ouagadougou pour dénoncer un "coup d'Etat constitutionnel". La manifestation s'était achevée par des affrontements avec les forces de l'ordre.

afp/bri/boi

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Compaoré est au pouvoir depuis 1992

Blaise Compaoré est arrivé au pouvoir en 1987. A la suite de divergences avec le "père" de la révolution burkinabè Thomas Sankara, il s'empare du pouvoir lors d'un coup d'Etat au cours duquel Sankara et 12 de ses collaborateurs sont tués.

Le chef de l'Etat devait achever l'an prochain son dernier mandat, après deux septennats (1992-2005) et deux quinquennats (2005-2015).

Lui qui a déjà modifié deux fois l'article 37, en 1997 puis en 2000, pour se maintenir au pouvoir, invoque le respect strict de la loi pour justifier cette troisième retouche.

Et l'opposition craint que ce nouveau changement conduise le chef de l'Etat, déjà élu quatre fois avec des scores soviétiques, à accomplir non pas un mais trois mandats supplémentaires, lui garantissant 15 années de plus au pouvoir.

Chaos dans les deux villes principales

A Ouagadougou, le bâtiment du Parlement a été méthodiquement mis à sac. Des bureaux ont été ravagés par les flammes et des voitures ont été brûlées. Les forces de l'ordre, qui ont tiré des gaz lacrymogènes, ont battu en retraite. Les députés de la majorité auraient été exfiltrés.

A la télévision, les manifestants ont pillé du matériel, mais n'ont pas pu pénétrer dans les studios.

La mairie et le siège du parti présidentiel ont été incendiés à Bobo Dioulasso, deuxième ville du Burkina Faso. Des manifestants ont également brûlé le domicile du maire (pro-Compaoré) ainsi que celle du porte-parole du gouvernement Alain Edouard Traoré, originaire de la région, selon des témoins.

Paris et Washington inquiets

La France a appelé à un "retour au calme" au Burkina Faso en demandant "à toutes les parties de faire preuve de retenue".

La Maison Blanche a fait part de sa "vive inquiétude", appelant à "retourner à un processus pacifique".