L'armée a pris le pouvoir jeudi soir au Burkina Faso, annonçant la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée nationale après une journée d'émeutes contre le régime de Blaise Compaoré. Un organe de transition sera mis en place pour une durée d'un an "en consultation avec tous les partis".
Un couvre-feu est imposé sur l'ensemble du territoire de 19h00 à 6h00 (GMT) pour "préserver la sécurité des personnes et des biens". A la mi-journée, le régime avait tenté de calmer les esprits en annonçant l'annulation du vote du projet de révision constitutionnelle qui avait mis le feu aux poudres.
Chaos dans la capitale
La capitale Ouagadougou a sombré dans le chaos jeudi. Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles, tuant trois manifestants qui tentaient d'attaquer le domicile du frère du président, rapportent les services d'urgence.
Le Burkina a basculé dans la crise avec l'annonce, le 21 octobre, d'un projet de révision constitutionnelle portant de deux à trois le nombre maximal de quinquennats présidentiels.
ats/gchi
Compaoré est au pouvoir depuis 1992
Blaise Compaoré est arrivé au pouvoir en 1987. A la suite de divergences avec le "père" de la révolution burkinabè Thomas Sankara, il s'empare du pouvoir lors d'un coup d'Etat au cours duquel Sankara et 12 de ses collaborateurs sont tués.
Le chef de l'Etat devait achever l'an prochain son dernier mandat, après deux septennats (1992-2005) et deux quinquennats (2005-2015).
Lui qui a déjà modifié deux fois l'article 37, en 1997 puis en 2000, pour se maintenir au pouvoir, invoque le respect strict de la loi pour justifier cette troisième retouche.
Et l'opposition craint que ce nouveau changement conduise le chef de l'Etat, déjà élu quatre fois avec des scores soviétiques, à accomplir non pas un mais trois mandats supplémentaires, lui garantissant 15 années de plus au pouvoir.
Rencontre avec un ancien général
Le général en retraite Kouamé Lougué, à qui des dizaines de milliers de manifestants ont demandé jeudi à Ouagadougou de prendre le pouvoir, a rencontré dans l'après-midi l'état-major des armées.
Kouamé Lougué a lui-même été chef d'état-major des armées et ministre de la Défense, avant d'être limogé par le président Compaoré en 2003.