Au lendemain d'une violente mobilisation de la population burkinabé, le président Blaise Compaoré a annoncé vendredi qu'il quittait le pouvoir. La mise en place d'une transition permettra d'"aboutir à des élections libres et transparentes dans un délai maximal de 90 jours".
Selon la diplomatie française, l'ex-putchiste a quitté la capitale et se trouvait dans le sud du Burkina Faso en milieu d'après-midi.
Le général Honoré Traoré au pouvoir
Dans la foulée, le chef d'état-major des armées, le général Honoré Traoré, a fait savoir qu'il "assumerait" à compter de vendredi "ses responsabilités de chef de l'Etat", conformément à la Constitution.
Depuis le début de la journée, des dizaines de milliers de manifestants, réunis sur la place centrale de la capitale Ouagadougou, scandaient "Blaise dégage" et "Kouamé Lougué au pouvoir", en référence à un général à la retraite. L'annonce du départ de Compaoré a été accueillie par une explosion de joie.
Une trentaine de morts
Au terme d'une journée de violences qui ont fait une trentaine de morts, l'armée avait annoncé la veille la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée nationale et déclaré qu'un organe de transition serait mis en place après des consultations "avec tous les partis". Mais Blaise Compaoré, promettant une transition, avait refusé de démissionner.
Le président Blaise Compaoré a provoqué une vague inédite de protestation en raison de sa volonté d'empiler un 5e mandat à la tête du pays, entraînant la mort d'une trentaine de personnes.
Les photos témoignant des violences des derniers jours:
agences/bri
Compaoré était au pouvoir depuis 1987
Blaise Compaoré est arrivé au pouvoir en 1987. A la suite de divergences avec le "père" de la révolution burkinabè Thomas Sankara, il s'empare du pouvoir lors d'un coup d'Etat au cours duquel Sankara et 12 de ses collaborateurs sont tués. Il a accédé à la présidence cinq ans plus tard.
Le chef de l'Etat devait achever l'an prochain son règne, après deux septennats (1992-2005) et deux quinquennats (2005-2015).
Lui qui a déjà modifié deux fois l'article 37, en 1997 puis en 2000, pour se maintenir au pouvoir, invoque le respect strict de la loi pour justifier cette troisième retouche.
Et l'opposition craint que ce nouveau changement conduise le chef de l'Etat, déjà élu quatre fois avec des scores soviétiques, à accomplir non pas un mais trois mandats supplémentaires, lui garantissant 15 années de plus au pouvoir.
La France salue la démission
Dans un communiqué, la France a salué la démission de Blaise Compaoré, qui "permet de trouver une issue à la crise".
L'Elysée a appelé à "la tenue rapide d'élections démocratiques" dans le pays.
L'Union européenne a estimé qu'il "revenait au peuple burkinabè de décider de son avenir", "y compris par des élections".