Les autorités françaises ont suspendu vendredi le chantier du barrage controversé de Sivens, dans le sud-ouest du pays, cinq jours après la mort d'un manifestant lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. Mais le projet "se fera", ont-elles assuré.
L'assemblée départementale a pris "acte de l'impossibilité de poursuivre toute activité liée au déroulement du chantier sur le site de Sivens", a dit le président socialiste du conseil général du Tarn, Thierry Carcenac, lors d'un discours à Albi.
Travaux repoussés
"On a décidé de suspendre les travaux (...) Sans définir de délai. Mais ce n'est pas un abandon", a assuré de son côté Didier Houlès, vice-président divers-gauche du conseil général.
Le projet de barrage destiné à sécuriser l'irrigation des cultures, au prix de la destruction d'une zone humide, va être révisé, notamment en réduisant le volume d'eau destiné à l'irrigation afin de minimiser l'impact environnemental du barrage.
ats/ebz
Rappel des faits
Rémi Fraisse, un étudiant de Toulouse (sud-ouest), a été tué lors d'affrontements violents entre des manifestants et les forces de l'ordre sur le site destiné à accueillir le barrage. L'enquête pour expliquer les causes de sa mort s'oriente vers une grenade offensive tirée par les gendarmes.
Plusieurs manifestations, parfois tendues, se sont déroulées dans plusieurs villes du pays après la mort du jeune écologiste de 21 ans. D'autres manifestations sont prévues vendredi et samedi.
Les opposants restent mobilisés
A l'extérieur du siège du conseil général à Albi, quelque 200 opposants ont manifesté dans le calme, brandissant une pancarte "Non au barrage de Sivens, oui au moratoire, oui au débat public".
Le collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, qui regroupe de nombreux opposants au projet, a aussitôt indiqué qu'il resterait mobilisé jusqu'à l'obtention d'une suspension jusqu'en 2015 et a mis en garde contre tout passage en force.
Associations et élus écologistes s'opposent à la destruction de 13 hectares de zone humide et dénoncent le coût du futur barrage, 8,4 millions d'euros. Le projet de barrage-réservoir, contesté localement depuis 2011, avait été approuvé en mai 2013 par le conseil général à une écrasante majorité.