A Raqqa, en Syrie, "nous n'exhibons pas l'insigne à croix rouge", raconte Dominik Stillhart, directeur des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Cette situation n'est pas exceptionnelle dans un contexte humanitaire qui se complique.
Dans certaines régions, les humanitaires sur le terrain doivent "rester discrets ou même abandonner les signes distinctifs du CICR", explique Dminik Stillhart vendredi dans une interview au Temps.
Conflits moins homogènes
Le responsable suisse note qu'à ses débuts au CICR, dans les années 1990, les humanitaires avaient surtout affaire à des conflits classiques, entre armée régulière et insurrection. Une situation qui a fortement évolué.
"Tout est beaucoup plus fragmenté. Dans l'est du Congo par exemple, 36 groupes armés s'affrontent", explique Dominik Stilhart. Le directeur des opérations du CICR évoque par ailleurs le contexte syrien, où une multitude de factions s'opposent ainsi que la Libye qui compte quelque 1600 brigades.
ats/asch
Le passeport, un élément capital
Davantage que l'organisation dont ils font partie, c'est la nationalité des humanitaires qui joue un rôle important dans le travail sur le terrain aujourd'hui. "Il y a des territoires au Mali notamment, où nous ne pouvons pas envoyer des Suisses, ou plus généralement des Européens", explique Dominik Stilhart.
Même si le fait de se sentir plus en danger qu'avant est "légitime", le nombre d'incidents est stable, tempère le directeur des opérations du CICR. Il y a beaucoup plus d'humanitaires sur le terrain aujourd'hui qu'il y a vingt ans, et les incidents sont plus médiatisés.
2014, une "mauvaise année"
Les incidents impliquant des humanitaires sont "toujours difficiles", estime Dominik Stilhart. Le responsable déplore que trois employés du CICR soient retenus en otage à travers le monde.
Il tient également à rappeler la mort violente de trois autres collègues en Ukraine, en Libye et en République centrafricaine. "2014 a été une mauvaise année".