Les gendarmes français ont dès le début soupçonné qu'une grenade qu'ils venaient de lancer contre des manifestants fin octobre était à l'origine de la mort d'un militant écologiste, indiquent des documents publiés mercredi par Le Monde et Mediapart.
Depuis le drame, les autorités sont soupçonnées d'avoir tenté de dissimuler les conditions dans lesquelles il a pu se produire.
"Là, c'est vachement grave"
Mediapart cite le journal de bord du Groupement tactique gendarmerie engagé sur le site. Il indique: "Un opposant blessé par OF" (grenade offensive) puis un quart d'heure plus tard: "Opposant blessé serait décédé. Hémorragie externe au niveau du cou".
Selon le procès verbal de la Section de recherches de la gendarmerie de Toulouse cité par Le Monde, un gendarme s'est écrié: "Il est décédé, le mec... Là, c'est vachement grave... Faut pas qu'ils le sachent...".
Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a de nouveau promis mercredi "une transparence totale" sur le drame.
afp/jgal
Plusieurs jours de doute après le décès
Le corps inerte de l'étudiant de 21 ans avait été récupéré dans la nuit du 25 au 26 octobre par les forces de l'ordre sur le chantier d'un barrage d'irrigation contesté à Sivens. Des affrontements violents avaient opposé gendarmes et manifestants écologistes.
Le 26 octobre au matin, la préfecture du Tarn avait dans un bref communiqué simplement annoncé que "le corps d'un homme (avait) été découvert par les gendarmes", laissant suggérer que cela ne s'était pas passé lors d'affrontements avec les forces de l'ordre.
Le lien avec le tir d'une grenade offensive ne sera officiellement fait que deux jours plus tard quand le procureur d'Albi Claude Dérens annonce la découverte sur les vêtements du manifestant décédé de traces de TNT, un explosif entrant dans la composition de grenades offensives.
Rappel des faits
Le corps inerte de l'étudiant de 21 ans avait été récupéré dans la nuit du 25 au 26 octobre par les forces de l'ordre sur le chantier d'un barrage d'irrigation contesté à Sivens, où des affrontements violents opposaient gendarmes et manifestants écologistes.
Le jeune homme est le premier mort dans une manifestation en France métropolitaine depuis 1986.