La commission du renseignement du Sénat a rendu publique mardi une version expurgée d'un minutieux rapport d'enquête parlementaire dénonçant la détention secrète d'une centaine d'hommes suspectés de liens avec Al-Qaïda, un programme autorisé secrètement sous la présidence de George W.Bush.
Or, les techniques "d'interrogatoire musclé", utilisées par la CIA après les attentats du 11 septembre 2001, "n'ont pas été efficaces" et ont été plus brutales que ce que l'agence d'espionnage avait reconnu jusqu'à présent, conclut le rapport. La CIA aurait donc menti au Congrès et à la Maison Blanche.
"Contraires" aux valeurs américaines
Dans un communiqué, le président Barack Obama a dénoncé des méthodes "contraires" au valeurs des Etats-Unis. "Ces techniques ont fortement terni la réputation de l'Amérique dans le monde", a indiqué le président américain. Il a en outre promis de tout faire pour qu'elles ne soient plus jamais utilisées.
"Aucune nation n'est parfaite", a-t-il avoué, ajoutant qu'une "des forces de l'Amérique est notre volonté d'affronter ouvertement notre passé, faire face à nos imperfections, et changer pour nous améliorer".
agences/pym/gchi
L'armée en état d'alerte
Peu avant la publication du rapport, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel a affirmé avoir demandé aux commandants militaires américains de se mettre en "état d'alerte avancée".
"J'ai ordonné aux hauts commandants militaires de se mettre en état d'alerte avancée partout dans le monde", a-t-il déclaré à Bagdad, tout en précisant qu'aucune menace précise n'avait été signalée.
La Corée du Nord demande à l'ONU de condamner les Etats-Unis
La Corée du Nord, accusée par les Nations unies de graves violations des droits de l'Homme, a appelé mercredi le Conseil de sécurité à condamner les Etats-Unis après la publication du rapport.
Les révélations de ce rapport du Sénat américain constituent un véritable test de de crédibilité pour le Conseil de sécurité, estime le régime nord-coréen.
Le Conseil confirmerait son "rôle méprisable" d'"instrument des pratiques arbitraires des Etats-Unis" s'il débattait des droits de l'Homme en Corée du Nord tout en "fermant les yeux" sur les agissements de l'un de ses membres permanents, selon le ministère nord-coréen des Affaires étrangères.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit examiner courant décembre la situation des droits de l'Homme en Corée du Nord après l'adoption le mois dernier à l'Assemblée générale de l'ONU d'une résolution demandant au Conseil de saisir la Cour pénale internationale.
Nombreuses fausses informations
Dans le rapport, on apprend aussi que la CIA n'a jamais informé pleinement le prédécesseur de Barack Obama des techniques d'interrogatoire utilisées.
De même, l'agence aurait menti en affirmant qu'Oussama ben Laden avait été en partie localisé au Pakistan grâce à des informations recueillies dans le cadre de ce programme.
Au contraire, dans bien des cas, ces interrogatoires poussés ont produit de faux renseignements, affirme le rapport qui cite notamment une information erronée au sujet d'une prétendue campagne de recrutement menée par Al Qaïda auprès de la communauté afro-américaine.
La CIA se défend
Le patron de la CIA John Brennan a admis que l'agence avait commis des erreurs en utilisant la torture comme méthode d'interrogatoire, mais a insisté sur le fait que cela avait permis d'empêcher d'autres attentats.
Selon lui, une enquête interne menée par la CIA a mis en lumière que les interrogatoires poussés contre des suspects de terrorisme avaient "permis de récupérer des renseignements qui ont permis d'empêcher des attentats, de capturer des terroristes et de sauver des vies".