La police antiterroriste turque a mené dimanche matin des opérations dans 13 villes de Turquie, dont Istanbul, contre les partisans du prédicateur islamiste Fethullah Gülen, principal rival de Recep Tayyip Erdogan.
Au moins 24 personnes ont été arrêtées, principalement des journalistes, dont le rédacteur en chef de Zaman, l'un des grands quotidiens en Turquie, ainsi que les dirigeants d'une chaîne de télévision.
Un "Etat dans l'Etat"
Des mandats d'arrêts ont été délivrés contre 32 personnes au total, accusées entre autres de "former un gang pour tenter d'attenter à la souveraineté de l'Etat", a indiqué l'agence Anatolie.
Cette rafle survient deux jours après que le président turc a annoncé une nouvelle opération contre les "forces du mal" activées, selon lui, depuis son exil aux Etats-Unis par son ennemi juré.
Le régime a déclaré la guerre au mouvement de Fethullah Gülen, accusé d'avoir constitué un "Etat dans l'Etat" et comploté dans l'ombre pour provoquer sa chute.
afp/dk
Vaste scandale de corruption
La rafle de dimanche survient un an après le lancement d'une vaste enquête sur un scandale de corruption qui a conduit à l'arrestation d'une dizaines d'hommes d'affaires et d'hommes politiques, dont les fils de trois ministres du gouvernement Erdogan, alors Premier ministre.
Recep Tayyip Erdogan était parvenu à mettre un coup d'arrêt à cette enquête en procédant au limogeage de milliers de policiers et d'un certain nombre de juges et en faisant adopter des lois renforçant le contrôle de l'Etat sur l'appareil judiciaire et sur internet.
Le mouvement Hizmet du prédicateur islamique a nié toute implication dans l'enquête pour corruption visant des proches du président.
L'UE et les USA dénoncent
L'Union européenne a dénoncé dimanche soir ces raids, estimant qu'ils étaient contraires aux "valeurs européennes" que la Turquie, qui aspire à rejoindre l'UE, est sensée respecter.
Les Etats-Unis ont eux aussi exhorté la Turquie, leur alliée au sein de l'Otan, à respecter la liberté de la presse, l'indépendance de la justice et ses "fondations démocratiques", a souligné dans un communiqué la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki.