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Les services de renseignements français submergés depuis mercredi

Le Premier ministre français, Manuel Valls, a reconnu des "failles" dans le renseignement après les attaques terroristes à Paris. [Keystone - Thibault Camus - AP Photo]
Après les attaques terroristes à Paris, Manuel Valls reconnaît des failles / Forum / 9 min. / le 10 janvier 2015
Des voix s'élèvent samedi pour affirmer que les services de renseignements français sont submergés depuis mercredi. Des centaines de noms se sont ajoutés aux listes de personnes à surveiller.

S'il faut désormais, après les attaques sanglantes de Paris, surveiller en permanence tous les membres de la mouvance islamiste radicale, les services spécialisés français vont être submergés, préviennent des spécialistes.

Des centaines, voire des milliers de noms, sont depuis l'attaque venus grossir les listes de suspects sur lesquelles travaillent en permanence policiers et membres des services de renseignements.

Suspects qui n'étaient pas considérés comme dangereux

Il s'agit de tous les suspects ou condamnés qui, comme les frères Saïd et Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly, ont un jour été impliqués dans la mouvance radicale mais qui n'étaient pas considérés comme dangereux ou susceptibles de passer à l'action.

Ces listes s'étaient considérablement allongées au cours des derniers mois, au fil des départs puis des retours d'apprentis-djihadistes français pour les terres de combat en Syrie et en Irak.

Le témoignage d'un responsable

"Submergés ? Et bien on l'est", a admis samedi un responsable de la lutte antiterroriste, qui a demandé à rester anonyme.

"Comment faire? Déjà, au lieu de travailler quinze heures par jour, on va travailler vingt. Mais ça ne suffira pas. Alors on priorise, au risque de se tromper. Il est impossible de mettre un flic derrière chaque personne. On essaie de trouver le temps, les gens, pour avoir une surveillance, la meilleure possible, mais qui ne peut pas être une surveillance absolue. C'est une surveillance minimale, essentiellement technique" (écoutes téléphoniques et interceptions sur internet), a-t-il poursuivi.

Les services spécialisés élaborent des listes de suspects, classés par ordre de dangerosité supposée décroissante: les premiers sont soumis à une surveillance permanente (compter une vingtaine de policiers par suspect, pour être sur la cible 24 heures sur 24), les suivants font l'objet de ce que les enquêteurs appellent des "coups de sonde", quelques jours de mise sur écoute ou de filature, pour tenter de déceler une activité suspecte. Toute la difficulté consiste à bien gérer la liste.

Lire aussi: La compagne d'Amedy Coulibaly activement recherchée

afp/tmun

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L'avis d'un ancien de la DGSE

Claude Moniquet, ancien de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), co-directeur à Bruxelles de l'European strategic intelligence and security center (ESISC), dresse également un sombre tableau de la situation en France.

"On n'a déjà pas assez de moyens pour gérer la crise syrienne, ceux qui rentrent chez nous", explique-t-il. "S'il faut rajouter plusieurs centaines de personnes qui étaient actives dans ou autour des réseaux algériens par exemple dans les années 90 et 2000, ça va considérablement compliquer la tâche".

En Suisse, "il n'y aura jamais de sécurité absolue"

Quant au territoire suisse, le ministre de la Défense Ueli Maurer et le commandement de l'armée ne voient pas de raison de repenser le dispositif de sécurité après les attaques terroristes en France. "Pour nous, cela n'a rien changé", a indiqué samedi le conseiller fédéral sur les ondes de la radio alémanique SRF.

"L'évolution correspond aux scénarios qui ont été élaborés il y a des années. Pour nous, cela signifie que nous devons être prêts partout et en tout instant à assurer la sécurité en tenant compte de toute l'insécurité qui règne autour de nous", a-t-il assuré.

"Mais il n'y aura jamais de sécurité absolue dans une société ouverte et libre" en dépit de tous les dispositifs.