L'humoriste français Dieudonné, arrêté et placé en garde à vue mercredi matin, devra comparaître en justice pour "apologie du terrorisme" en relation avec les attentats qui ont bouleversé la France la semaine dernière, selon des sources judiciaires.
Le parquet de Paris a décidé de convoquer Dieudonné "à une audience ultérieure" à l'issue de sa garde à vue, qui devait prendre fin mercredi en soirée, a précisé cette source.
"Charlie Coulibaly"
Dieudonné a été arrêté à son domicile d'Eure-et-Loir après avoir écrit sur sa page Facebook, dimanche, qu'il se sentait "Charlie Coulibaly", en référence à Amedy Coulibaly, qui a tué une policière à Montrouge et quatre personnes dans une épicerie casher de Paris la semaine dernière.
L'humoriste, qui a rapidement effacé son message, caricaturait ainsi le slogan "Je suis Charlie", devenu un cri d'indignation international, après la mort de 12 personnes tuées lors de l'attaque de Charlie Hebdo mercredi dernier à Paris.
Dieudonné a expliqué sa démarche dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
La lettre de Dieudonné à Bernard Cazeneuve
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agences/dk
Nombreuses procédures ouvertes
Le ministère de la Justice français indique mercredi que plus d'une cinquantaine de procédures ont été ouvertes en France pour "apologie du terrorisme" depuis l'attaque meurtrière contre Charlie Hebdo.
La garde des sceaux Christiane Taubira a adressé une circulaire aux autorités judiciaires pour leur demander plus de fermeté, selon Le Monde.
Quatre spectacles prévus en Suisse
Dieudonné est attendu en Suisse dans une dizaine de jours: il doit donner trois spectacles au Palais de Beaulieu à Lausanne du 24 au 26 janvier et un autre à Fontainemelon (NE) le 27 janvier.
Il y a quelques mois, la municipalité de Lausanne avait décidé d'autoriser la tenue du spectacle. Elle devrait rediscuter de ce dossier lors de sa prochaine séance, jeudi.
Dieudonné, un adepte de la provocation
Le Parquet de Paris avait ouvert une enquête pour le même délit d'apologie du terrorisme début septembre après la diffusion d'une vidéo où Dieudonné ironisait sur la décapitation du journaliste américain James Foley par le groupe État islamique (EI).
Dans une autre vidéo en 2010, l'humoriste controversé avait aussi appelé à la libération de Youssouf Fofana, condamné pour le meurtre en France d'Ilan Halimi, jeune juif séquestré, torturé et tué en 2006.
Poursuivi pour cette vidéo, il a été relaxé début février mais doit comparaître en appel jeudi sur le volet civil de ce dossier.
Dans le viseur du gouvernement fin 2013, Dieudonné, qui a déjà été condamné par la justice pour des propos antisémites, avait vu plusieurs de ses spectacles interdits par la justice.
Parmi d'autres déboires judiciaires, il a été mis en examen en juillet fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale et abus de biens sociaux.