Après les législatives de dimanche, la Grèce est désormais dirigée par la gauche radicale, une première pour un pays de l'Union européenne. Depuis plusieurs semaines, le parti Syriza se profilait comme le grand favori de ce scrutin.
La formation d'Alexis Tsipras a obtenu 36,3% des suffrages, manquant la majorité absolue à la Vouli, le Parlement grec, de deux sièges.
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Les origines de Syriza
Syriza, fruit de l'alliance de plusieurs partis de sensibilité communiste, voit officiellement le jour avec les législatives de 2004, année où la "coalition de la gauche radicale" obtient ses 6 premiers députés.
C'est en 2012 qu'elle progresse de manière visible. Lors de législatives anticipées en mai, Syriza crée la surprise avec près de 17% des voix et 52 députés au Parlement. L'effondrement du Pasok, le parti socialiste, fait de la coalition la première force de gauche, et la deuxième du pays derrière la Nouvelle Démocratie.
Un mois plus tard, Syriza connaît à nouveau une très forte progression lors de nouvelles élections législatives, obtenant près de 27% des suffrages et gagnant 19 sièges supplémentaires à la Vouli.
Un programme de "reconstruction nationale"
Dans son programme électoral, Syriza promettait un "Plan de reconstruction nationale" visant à "inverser la désintégration socio-économique, reconstruire l'économie et sortir de la crise". Son principal cheval de bataille: le plan d'austérité auquel se plie Athènes en échange de crédits internationaux.
Sur son site internet, le parti réclame l'"effacement de l'essentiel de la dette nationale (qui s'élevait à 175% du PIB en 2013) afin de la rendre supportable". Syriza tend toutefois à modérer ses exigences à l'approche du pouvoir et envisage désormais une renégociation plus qu'une annulation de la dette.
Parmi les autres promesses de ce plan: la relance de l'investissement public à hauteur d'au moins 4 milliards d'euros, la relance du marché de l'emploi avec la création de 300'000 postes, l'extension des droits à l'allocation chômage ou encore la revalorisation progressive des pensions et des salaires, lesquels ont baissé de 24% en quatre ans. Syriza s'engage par ailleurs à gérer la "crise humanitaire grecque" née de l'austérité, en offrant notamment l'électricité, des aides alimentaires et médicales aux foyers grecs les plus démunis.
Alexis Tsipras se veut plus rassembleur
Né à Athènes en juillet 1974, Alexis Tsipras est devenu à 40 ans le plus jeune Premier ministre grec depuis 150 ans. Cet enfant de la petite bourgeoisie athénienne a fait du chemin depuis ses jeunes années communistes:
Portrait timeline d'Alexis Tsipras
Avec ses diatribes anti-austérité, Alexis Tsipras n'échappe pas aux critiques régulières l'accusant de populisme. "Alexis Tsipras affirme pouvoir augmenter les salaires dès son arrivée au pouvoir ou renationaliser les entreprises ou les terres déjà privatisées, ce n'est pas sérieux", commente ainsi un professeur de relations internationales à l'université d'Athènes dans un portrait du Figaro.
D'autres lui reconnaissent des talents d'orateur et de vulgarisateur: "Ce n’est pas ce qu’on appelle un intello, mais il a une réelle capacité à rendre accessible des concepts compliqués, à formaliser des idées. Et il parle comme les gens", disait pour sa part un de ses amis en 2012 dans Libération.
Accusé un temps d'incompétence, notamment en raison d'un anglais lacunaire, Alexis Tsipras s'est investi pour gagner en légitimité et soigner son image internationale. Depuis les élections européennes au printemps dernier, fort de progrès sensibles en anglais, il multiplie les visites symboliques à l'étranger, comme avec le pape ou à la City de Londres.
Selon plusieurs observateurs, si le parti Syriza séduit désormais au-delà de son électorat traditionnel, c'est grâce à l'évolution d'Alexis Tsipras, qui a lissé son discours pour rassembler. Lors de son dernier meeting, jeudi, il s'est exprimé comme un futur Premier ministre: "Lundi, nous en aurons fini avec l'humiliation nationale. Nous en aurons fini avec les ordres venus de l'étranger."
Pauline Turuban et Sophie Badoux
36,3% des voix
Syriza a remporté une large victoire aux élections législatives grecques dimanche. Le parti de la gauche radicale obtenait 36,3% des voix, battant les conservateurs du Premier ministre Antonis Samaras (27,81%).
La gauche radicale totalise 149 sièges sur 300 au Parlement et n'obtient ainsi pas la majorité absolue, fixée à 151 élus. Le parti sera donc amené à composer avec des formations plus petites, comme les centristes de To Potami ou les Indépendants grecs anti-austérité.
Le parti d'inspiration néonazie Aube dorée s'installe à la troisième place, avec 6,28% des suffrages et 17 sièges (un de moins qu'en 2012), devant To Potami "La rivière", nouveau parti de centre gauche, qui obtiend 6,05% et 17 sièges également.
Les socialistes du Pasok, pilier de la vie politique grecque durant quarante ans, resteraient à la Vouli, mais, avec 4,68% des voix, ne récolte que 13 sièges (33 en 2012).