La Grèce a finalement demandé officiellement jeudi à ses partenaires de la zone euro "l'extension" pour six mois de l'accord d'assistance financière que ses créanciers européens le sommaient d'accepter avant la fin de la semaine. Cette période de six mois servirait à l'ouverture de "discussions" pour l'élaboration d'un "nouvel accord" portant sur "la croissance et le redressement".
Dans une lettre adressée au patron de l'Eurogroupe, le gouvernement de gauche radicale accepte la supervision des ses créanciers (UE, BCE et FMI), même s'il n'utilise plus le mot "troïka". Une concession majeure pour Athènes, qui demande une certaine flexibilité pour atteindre ses objectifs et garantir "la stabilité financière et budgétaire".
Le ministre grec des Finances promet également de "financer pleinement toute nouvelle mesure, en s'abstenant de toute action unilatérale qui saperait les objectifs budgétaires, la reprise économique et la stabilité financière". Enfin, la Grèce s'engage "à honorer ses obligations financières vis-à-vis de ses créanciers".
Le porte-parole de la Commission européenne a en revanche refusé d'indiquer si cet accord incluait le "mémorandum" et toutes les mesures d'austérités rejetées par le nouveau gouvernement grec.
Berlin rejette la demande d'Athènes
Le ministère des Finances allemand a fait monter la tension en milieu de journée en estimant que la requête grecque ne représentait "pas une solution substantielle".
D'après l'Allemagne, les critères fixés par la zone euro ne sont pas respectés, notamment l'engagement à ne pas défaire les réformes déjà engagées et à ne pas mettre sur les rails de nouvelles réformes qui pèseraient sur les finances publiques. Ces critiques font référence à la série de lois sociales anti-austérité que le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, devrait faire voter vendredi. Le vice-chancelier allemand a toutefois déclaré que la demande "doit être utilisée comme point de départ de négociations".
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'est montré nettement plus conciliant que l'Allemagne, estimant que la lettre d'Athènes était un signal "positif" qui ouvrait "la voie à un compromis".
Une réunion des ministres des Finances de la zone euro se tiendra vendredi après-midi à Bruxelles pour prendre une décision sur la demande.
agences/vtom
La BCE prête à refinancer avantageusement les banques grecques
La Banque centrale européenne (BCE) pourrait réinstaurer le régime avantageux de financement dont bénéficiaient les banques grecques, si Athènes consent à poursuivre son programme de réformes, a expliqué jeudi le président de la Bundesbank Jens Weidmann.
Ce régime d'exception, connu sous le nom de "waiver", leur permettait d'obtenir des prêts en apportant en garantie de la dette publique grecque, même si ces obligations étaient considérées comme des "titres pourris", en théorie inacceptables.
Depuis la fin du régime d'exception, les banques grecques maintiennent la tête hors de l'eau grâce à des liquidités d'urgence fournies par la Banque nationale grecque, mais auxquelles la BCE peut également mettre fin.