L'opposant russe Boris Nemtsov, critique virulent de Vladimir Poutine, a été abattu vendredi en plein centre de Moscou, à quelques mètres du Kremlin. Le président russe, qui a condamné l'assassinat, suggère qu'il a pu s'agir d'"un contrat" et d'une "provocation". Il avait été vice-premier ministre de Boris Eltsine.
Boris Nemtsov se promenait avec une jeune femme ukrainienne sur un pont enjambant la Moskova, quand "vers 23h15, une voiture s'est approchée d'eux. Quelqu'un a tiré des coups de feu, dont quatre l'ont touché dans le dos, causant sa mort", a déclaré une porte-parole du ministère russe de l'Intérieur.
Plusieurs pistes évoquées
Samedi, des enquêteurs russes ont estimé que l'assassinat avait été "minutieusement planifié, tout comme le lieu choisi pour le meurtre". Six douilles de munition de calibre 9 mm ont été retrouvés sur les lieux du crime. Elles proviennent de différents fabricants, ce qui rend plus difficile de trouver leur origine.
Au delà du crime politiquement motivé, les autorités étudient également la piste islamiste, Boris Nemtsov ayant reçu des menaces suite à son soutien au journal satirique français Charlie Hebdo après les attentats de Paris début janvier, selon le Comité d'enquête.
La piste d'un assassinat lié au conflit ukrainien est également envisagée, l'opposant ayant publiquement appelé les Russes à protester contre "l'agression russe en Ukraine" (lire ci-dessous).
Sentiment d'indignation
De nombreux Moscovites ont défilé sur le lieu du drame, en pleurs et bouquets de fleurs à la main, pour rendre hommage à l'homme qui était l'une des voix démocrates les plus connues de Russie.
Une manifestation à la mémoire de Boris Nemtsov est prévue dimanche à Moscou. Les autorités russes ont autorisé sa tenue.
afp/ptur/jgal
Discours enflammé contre la guerre en Ukraine
L'opposant russe Boris Nemtsov, virulent critique du Kremlin, était vendredi à l'antenne d'une radio moscovite trois heures à peine avant sa mort. Il appelait les auditeurs à manifester dans un discours enflammé sur l'Ukraine et le président Vladimir Poutine.
L'opposant à Vladimir Poutine se disait inquiet ces derniers de ce que le président russe souhaitait peut-être sa mort en raison de son opposition au conflit qui fait rage dans l'est de l'Ukraine.
>>Voir une interview de Boris Nemtsov en mars 2014, lors d'une marche contre la guerre en Ukraine
Réactions internationales atterrées
La Maison Blanche a condamné vendredi le "meurtre brutal" de l'opposant russe Boris Nemtsov et a appelé "le gouvernement russe à rapidement mener une enquête impartiale et transparente". Le président français François Hollande a lui dénoncé un "odieux assassinat" et salué le "défenseur" de la démocratie.
En Suisse, le Département fédéral des affaires étrangères a appris avec "consternation" la mort d'un "chef de file" du mouvement libéral en Russie.
De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel s'est déclarée "consternée" par le "meurtre lâche" de l'opposant russe. Kiev a pour sa part rendu hommage à "un ami de l'Ukraine".