"C'est un grand choc pour toutes celles et tous ceux qui luttent pour les droits de l'homme, pour un Etat de droit et pour les libertés en Russie", affirme lundi le militant russe Alexis Propopiev dans le Journal du matin de la RTS, en réaction au meurtre de l'opposant Boris Nemtsov vendredi soir à Moscou.
Justice russe "pas indépendante"
Le président-fondateur de l'association Russie-Libertés dénonce un "assassinat politique", comme celui de la journaliste Anna Politkovskaïa, tuée en octobre 2006, et de nombreux autres opposants au Kremlin ces 15 dernières années.
"La liste est malheureusement longue. Et dans tous les cas, on ne connaît pas les commanditaires", déplore Alexis Prokopiev. L'activiste met en cause la justice russe, qu'il juge "pas indépendante".
Il demande ainsi une "enquête internationale et indépendante" pour faire la lumière sur le meurtre de Boris Nemtsov "et sur tous les autres assassinats politiques". "Rien dans le droit international ni dans le droit russe n'empêcherait" une telle enquête, selon lui.
"Irresponsable, dangereux, indécent"
L'assassinat de l'opposant russe a été qualifiée de "provocation" par Vladimir Poutine. "Qu'un chef d'Etat, qui doit garantir l'indépendance de la justice, dise tout de suite qu'une théorie est sans doute plus véridique que d'autres, c'est irresponsable, dangereux et indécent", juge Alexis Prokopiev.
"Aujourd'hui en Russie, il y a un climat de haine", regrette-t-il. Selon lui, la "mort tragique" de Boris Nemtsov est également le résultat de ce climat de haine "qui a été instauré par les médias et par le pouvoir".
Alexis Prokopiev se montre néanmoins optimiste pour l'avenir de l'opposition en Russie: "En 2010, quand il y avait 5000 manifestants à Moscou, c'était considéré comme un succès. Dimanche, on a vu 70'000 personnes défiler."
dk
Les enquêteurs étudient toutes les pistes
Vladimir Poutine s'est engagé formellement à ce que les assassins de Nemtsov soient châtiés. "Tout sera fait pour que les organisateurs et les exécutants de ce crime lâche et cynique reçoivent le châtiment qu'ils méritent", a-t-il affirmé.
La police de Moscou a annoncé offrir une prime de trois millions de roubles (46'000 francs) pour toute information concernant le ou les meurtriers.
Les autorités ont déclaré étudier toutes les pistes: le crime politique comme la piste islamiste, Boris Nemtsov ayant reçu des menaces à la suite de son soutien au journal satirique français Charlie Hebdo.
La piste d'un assassinat lié au conflit ukrainien a été également évoquée par les autorités.
Des proches de Boris Nemtsov ont indiqué qu'il était en train de préparer un rapport sur la présence de soldats russes dans l'est de l'Ukraine, alors que Moscou dément toute implication de ses troupes aux côtés des rebelles séparatistes.