Ganna Douritska a pu quitter la Russie quelques heures avant les obsèques de l'opposant russe mardi à Moscou auxquelles des élus européens affirment avoir été empêchés d'assister par les autorités russes.
"Les enquêteurs m'interrogent et ne me disent pas quand je serai libérée ni pourquoi ils me retiennent ici", avait déclaré le mannequin ukrainien de 23 ans, à la chaîne câblée d'opposition Dojd.
La jeune femme se trouvait avec Boris Nemtsov sur un pont situé à deux pas du Kremlin lorsque ce dernier a été assassiné par balle vendredi soir.
"Je ne sais pas qui a fait ça (...), je ne sais pas comment l'assassin s'est approché, il était derrière moi", a-t-elle lancé, reconnaissant être actuellement "dans un état psychologique difficile" et soulignant vouloir rentrer chez elle en Ukraine, auprès de sa mère.
La peur d'une accusation
Mais "on ne m'autorise pas à sortir". Pourtant, "j'ai le droit de quitter la Russie, je ne suis pas un suspect", a-t-elle insisté.
"J'ai peur qu'on l'accuse du meurtre, simplement parce qu'ils ont besoin d'une piste ukrainienne", a pour sa part expliqué la mère de Ganna, en appelant à l'aide les autorités ukrainiennes.
Retour sur la longue liste d'opposants russes tués, emprisonnés ou exilés:
afp/sbad
Personnalités refusées d'entrer en Russie pour les obsèques mardi
Les obsèques de Boris Nemtsov doivent se dérouler mardi, en présence des ambassadeurs des pays européens et des responsables étrangers, parmi lesquels le chef de la diplomatie lituanienne Linas Linkevicius et le maire de Riga, la capitale lettone, Nils Usakovs.
Le président du Sénat polonais, Bogdan Borusewicz, a déclaré de son côté que les autorités russes lui avaient refusé la permission d'aller aux obsèques de Boris Nemtsov, en réponse aux sanctions européennes contre Moscou selon la diplomatie polonaise.
L'eurodéputée lettonne Sandra Kalniete a affirmé lundi soir avoir été refoulée à l'aéroport international Chérémétiévo de la capitale russe. "Après deux heures d'attente, on m'a informée que le droit d'entrée en Russie m'avait été refusé".
Une cérémonie d'adieux est prévue à partir de 07h00 GMT (8h en Suisse) au Centre Sakharov à Moscou, suivi d'un office orthodoxe, a indiqué Konstantin Merzlikine, un proche collaborateur de Boris Nemtsov.
Preuve de la présence russe en Ukraine?
Boris Nemtsov avait accumulé des "preuves" de la présence de soldats russes en Ukraine qu'il était sur le point de publier, a affirmé lundi son ami Ilia Iachine.
"Il avait des preuves. Il disait être en contact à Ivanovo, Iaroslavl et dans d'autres villes avec des proches de soldats russes tués" en Ukraine, a déclaré Illia Iacghine, qui dirige le mouvement d'opposition Solidarnost et était l'un de ses proches amis.
"Je ne sais pas comment il avait obtenu ces informations. Les enquêteurs sont venus chez lui deux heures après le meurtre, puis à son bureau le lendemain. Ils ont emporté des documents et les locaux sont maintenant bloqués", a-t-il précisé.