"Ici, l'accès est très limité, et c'est horriblement cher", témoigne Chloé, future diplômée en ingénierie civile, interrogée par la RTS. "Surfer une heure dans un internet café coûte l'équivalent d'une semaine de salaire", affirme celle qui devra faire appel pour ses postulations à des amis fonctionnaires qui bénéficient d'une connexion à domicile, rarissime.
Intranet fait maison
D'autres, comme Alex, informaticien à l'université, ont fait preuve d'ingéniosité et ont monté un réseau interne, au moyen d'antennes fixées sur les toits, connectées les unes aux autres. D'anecdotique, cet "intranet" s'est développé, jusqu'à compter quelque 5000 personnes actuellement.
Si le réseau interne créé par l'informaticien est pour l'instant toléré par les autorités cubaines, la prudence reste de mise: "On s’est mis d’accord sur un règlement: interdiction de parler de politique, histoire qu'on ait le moins de choses possibles à nous reprocher", précise Alex, dont l'antenne personnelle a été confisquée.
"Avec un million, j'investirais n'importe où mais pas à Cuba"
Côté économie, après le rapprochement historique entre les Etats-Unis et Cuba, l'opposant cubain René Gomez Manzano relativise les espoirs engendrés par ce geste.
Interrogé par la RTS, cet avocat opposé au régime Castro interdit d’exercer sa profession depuis 20 ans, également journaliste pour un site internet financé par les cubains de Miami, estime que ce rapprochement diplomatique n'intervient pas sans raisons.
"Le régime de Raoul Castro est dans une situation assez difficile. Il dépend de l'aide donnée par des pays étrangers, du Venezuela chaviste. Mais le Venezuela est dans une situation terrible. Les dirigeants castristes ne sont pas imbéciles. Ils font des pas envers les Etats-Unis", a-t-il déclaré.
"Le gouvernement cubain n'est pas naïf"
Le 17 décembre, les présidents américain et cubain avaient annoncé simultanément le rapprochement historique entre les deux pays, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis 1961.
Mais il ne croit pas que le gouvernement de Cuba soit naïf. "Il faudrait qu'il soit fou s'il pense qu'il fera un business. Ce régime ne donne pas de garanties pour les investisseurs étrangers. Si j'avais un million de dollars, j'investirais dans n'importe quelle autre partie du monde, pas à Cuba!"
"La police n'est pas loin"
Pour obtenir ces témoignages, Maurine Mercier a obtenu un visa de journaliste pour se rendre 5 jours sur l'île, un sésame rarement donné par le gouvernement. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle a réussi à convaincre facilement des habitants de commenter leur situation à Cuba, en raison de la peur des policiers.
lgr/kkub
"Le capitalisme pour sauver le castrisme"
La situation économique de Cuba est catastrophique, le gouvernement est prêt à faire d'importantes concessions. Certains changements ont déjà été amorcés, l'Etat a cruellement besoin de recettes.
Cuba se dirige vraisemblablement vers un modèle "vietnamien" ou "chinois", soit vers un capitalisme contrôlé par le régime.