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"En Irak, la reprise de Tikrit pourrait créer d'infernales représailles"

Myriam Benraad, politologue, spécialiste de l'Irak et du monde arabe. [YouTube]
Myriam Benraad, chercheuse au CERI-Science Po / L'invité de la rédaction / 22 min. / le 12 mars 2015
Après la reprise de Tikrit mercredi par l'armée irakienne, la ville natale de Saddam Hussein pourrait voir émerger de nouveaux conflits interconfessionnels, selon la chercheuse Myriam Benraad.

La population de Tikrit, à majorité sunnite, va-t-elle accepter la reprise de la ville par les forces armées irakiennes? Pour Myriam Benraad, chercheuse au CERI-Science Po et à la Fondation pour la recherche stratégique à Paris, rien n'est moins sûr.

"Cette offensive est conduite par l'armée régulière mais aussi par les milices chiites (...) C'est la première fois que les chiites prennent pied de cette manière à Tikrit, dans une zone sunnite qui a accueilli l'Etat islamique par rejet de l'armée et par rejet de la domination chiite au plan politique à Bagdad", a-t-elle expliqué jeudi sur les ondes de la RTS.

"Il faut un leadership sunnite"

Pour Myriam Benraad, cette libération de Tikrit risque d'engendrer un "cycle infernal de représailles" entre chiites et sunnites.

C'est pourquoi, dit-elle, la reconstitution d'un leadershipe sunnite est nécessaire à une alternative au groupe Etat islamique.

La solution d'une fédéralisation de l'Irak

Afin d'engager un processus de réconciliation, les Etats-Unis et la coalition doivent augmenter la pression sur les autorités irakiennes, insiste la chercheuse: "Il n'est pas dit que ce processus conduise à une formule nationale. Je pense qu'on s'oriente vers une fédéralisation accrue de l'Irak avec des autonomies pour chaque communauté", explique-t-elle, avant de conclure: "Malheureusement, le processus politique est au point mort".

hend

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"Le groupe EI est affaibli"

Les bombardements de la coalition internationale, menée par les Etats-Unis, rappelle Myriam Benraad: "Il y a eu des pertes dans les rangs du groupe, notamment de personnes occupant des postes-clés (...) Au niveau territorial, certains axes stratégiques qui permettaient la concomitance d'action entre la Syrie et l'Irak, pour l'approvisionnement de la population et la contrebande pétrolière, ont été coupés."