Alors qu'en Israël, droite et travaillistes sont au coude-à-coude dans les sondages pour les élections législatives du mardi 17 mars, la campagne électorale a pris des tournures inattendues.
Particulièrement actifs et créatifs, notamment sur internet, nombre de candidats ont choisi l'humour, l'autodérision ou les attaques en règle pour leurs vidéos électorales.
Un politicien à la maternelle
Le leader de centre-droite Benjamin Netanyahu a choisi la carte du paternalisme. Dans le rôle d'un professeur d'école maternelle, l'actuel Premier ministre parvient à calmer et organiser une classe bruyante et indisciplinée, dont chaque élève représente un parti d'opposition.
La métaphore du gardiennage d'enfants est exploitée également dans un deuxième clip où Benjamin Netanyahu se rend au domicile d'un jeune couple en se présentant comme leur "Bibi-sitter" (jeu de mot sur baby-sitter).
Devant l'incrédulité des jeunes parents, "Bibi" leur propose les services de ses deux principaux opposants (Tsipi Livni et Isaac "Buji" Herzog). Le couple décline l'offre - expliquant que les autres ne sont pas à la hauteur de la fonction.
"Hipster" ridiculisé
Naftali Bennett, dirigeant de la droite nationaliste religieuse et ministre de l'Économie, choisit d'incarner son ennemi pour mieux s'en moquer. Déguisé en jeune branché de Tel Aviv, avec barbe et chemise à carreaux, il devient la risée de tous en s'excusant pour tout, alors que ce n'est pas de sa faute - allusion aux hommes politiques des générations précédentes.
Etat islamique et juif au nez crochu
Amalgames et stéréotypes sont également des ingrédients fréquents dans la campagne.
Un clip électoral du Likoud avait créé le tollé, mettant en scène des djihadistes du groupe Etat islamique se rendant à Jérusalem "par la gauche", sur du rap palestinien. La vidéo a été retirée depuis que le groupe de rap a menacé de porter plainte.
Un autre clip, diffusé sur les réseaux sociaux et réalisé par des colons du Comité des habitants de Shomron, a lui aussi fait scandale.
Il montre un dénommé M. Sturmer - référence à un journal nazi antisémite - payant un journaliste israélien qui travaille pour un quotidien nommé "La Gauche" afin qu'il rédige des articles anti-israéliens.
A la fin du clip, le journaliste se pend, à côté d'une liste d’organisations de gauche telles que la Paix Maintenant, qui milite contre la colonisation des Territoires occupés.
Tous les coups sont permis
L'attaque en règle - frisant parfois la menace - des autres candidats sont monnaie courante. Ainsi, le député Danny Danon, principal rival de Benjamin Netanyahu à la tête du Likoud, campe un shérif malmenant la députée de la Knesset Hanin Zoabi, de la liste arabe BalaD, sur l'air de "Oh! Susanna".
Si les attaques des autres candidats sont multiples, certains ne dédaignent pas l'autodérision, voir l'absurdité. Ainsi, les Verts israéliens mettent en scène une ménagerie bêlant des noms de candidats, dans un clip qui se termine sur la question: "Comment, nous les animaux, allons-nous voter?"
Isaac Herzog, chef de file travailliste de la coalition gauche, centre-gauche et centre, publie une vidéo où son discours est "doublé" par une voix plus grave et sensuelle que la sienne, souvent qualifiée de "peu charismatique". En terminant sur cette affirmation: "Le seul problème, c’est ma voix".
Katharina Kubicek