Dénonçant lors d'une messe le trafic de drogue, et s'adressant sans la nommer à la Camorra, le pape a appelé samedi à Naples les mafieux à "se convertir à l'amour et à la justice".
"Il est toujours possible de retourner à une vie honnête. Ces sont des mères en larmes qui le demandent dans les églises de Naples", a-t-il imploré lors d'une messe devant quelque 100'000 fidèles sur la place du Plebiscito.
Comme un animal mort pue, la corruption pue, et un chrétien qui fait entrer en lui la corruption pue.
Langage fleuri
Pour cette première visite à Naples, François, accompagné du cardinal de Naples, a parcouru en papamobile découverte les rues bondées, où des dizaines de milliers de fidèles agitaient des drapeaux du Vatican.
"Comme un animal mort pue, la corruption pue, la société corrompue pue, et un chrétien qui fait entrer en lui la corruption pue": le pape François avait parlé crûment auparavant aux habitants du quartier défavorisé de Scampia.
Le pape, assis sur un podium au milieu de centaines d'enfants, a fustigé "ceux qui prennent la voie du mal volent un morceau d'espérance à eux-mêmes, à la société, à la bonne réputation de la ville, à son économie".
Naples, sa culture, sa vitalité
Dans ce tableau sombre, sous un tonnerre d'applaudissements, le pape a exalté la vitalité de la culture napolitaine: "la vie à Naples n'a jamais été facile mais n'est jamais triste, sa grande ressource est la joie".
Pour parer à toute attentat, les mesures de sécurité sont drastiques, sur un parcours en papamobile découverte de 25 km. Selon la presse locale, 3000 agents des forces de l'ordre, dont des tireurs d'élite, ont été déployés.
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afp/dk
Immigration, chômage et travail au noir
Le pape a par ailleurs fortement soutenu les immigrés, demandant que ceux qui affluent à Naples, venant d'Afrique et d'Asie, soient "reconnus", et plaidant pour un toit pour ceux, nombreux, qui sont sans domicile.
Le chômage structurel, particulièrement des jeunes, a aussi été dénoncé. Les oeuvres caritatives et les aides sociales ne peuvent se substituer à la "dignité" du travailleur, car "ne pas avoir la possibilité d'apporter le pain à la maison, c'est se voir volée sa dignité".
François a encore jugé que le travail au noir, très répandu dans l'économie parallèle napolitaine, était un "esclavage". Il a cité le témoignage d'une jeune femme à qui avait été proposé un travail de 11 heures par jour pour 600 euros par mois.