Selon le quotidien économique américain, les services secrets israéliens ont obtenu des informations auprès de négociateurs ayant participé à ces discussions ou qui étaient dans la confidence - notamment des diplomates européens. Israël aurait également pratiqué des écoutes de communications.
John Kerry averti dès 2013
Cette opération d'espionnage aurait débuté lors du round de négociations lancé à Genève en novembre 2013 et qui s'est poursuivi au bout du Léman puis à Montreux et à Lausanne où les discussions doivent reprendre cette semaine. A l'époque, le contre-espionnage américain avait averti l'équipe de John Kerry que le Mossad tenterait d'écouter aux portes, affirme le journal. Si les Américains étaient bien protégés, les systèmes de communication des délégations européennes étaient en revanche beaucoup plus vulnérables.
Les Américains se seraient rendus compte que les Israéliens disposaient d'informations confidentielles en les espionnant aussi.
Torpiller l'accord en vue
Le but de cette opération était bien de monter un dossier contre un éventuel accord en s'appuyant sur l'hostilité des élus et en leur fournissant des arguments, notamment sur les futures capacités iraniennes d'enrichissement d'uranium - c'est à dire le contenu du projet d'accord.
Israël continuera d'être informé
Les Etats-Unis continueront d'informer Israël sur les négociations avec l'Iran et son programme nucléaire, a assuré mardi la diplomatie américaine, refusant d'alimenter la polémique. Lors d'un point de presse qui s'est tenu mardi soir, la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki, s'est refusée à tout commentaire sur les révélations du Wall Street Journal.
Mais ces nouvelles allégations visant Israël risqueraient tout de même de jeter un nouveau coup de froid entre alliés américain et israélien, dont les relations sont au plus bas depuis des mois, à la fois en raison du dossier iranien mais aussi à cause d'un processus de paix israélo-palestinien au point mort.
Alexandre Habay/Christian Favre/oang/fme
Démenti israélien
Côté israélien, on affirme avoir obtenu des renseignements en surveillant les communications iraniennes et plus classiquement en recueillant les informations qui circulaient dans les milieux diplomatiques européens.
L'Etat hébreu n'espionne pas les Etats-Unis, clame le bureau du Premier ministre - une règle qui serait suivie depuis l'affaire Pollard, du nom de cet espion israélien détenu aux Etats-Unis depuis plus de 30 ans.
Les Israéliens insistent sur la nécessaire coopération entre les agences de renseignement des deux pays.
Scepticisme au DFAE
Contacté par la RTS, le Département fédéral des affaires étrangères fait preuve de réserve voire de scepticisme face à cette information.
Le DFAE ne peut pas exclure des opérations d’espionnage sur territoire suisse, mais souligne que Lausanne a été choisie au dernier moment pour ces entretiens. C’est donc très peu probable qu'un service étranger ait pu anticiper.
Le fait que plusieurs événements d’envergure aient été organisés ces dernières années en Suisse prouverait par ailleurs que les dispositifs de sécurité mis en place tiennent la route.
Cette confiance semble être confirmée aussi par le retour attendu de John Kerry cette semaine à Lausanne.