L'Airbus A320 de Germanwings s'est écrasé mardi dans les Alpes françaises à cause d'un "acte délibéré" du copilote. Tel est le principal enseignement tiré de la première boîte noire retrouvée sur les lieux du drame dans lequel 150 personnes ont trouvé la mort.
Le domicile du copilote, dans l'ouest de l'Allemagne, a été perquisitionné jeudi soir par les enquêteurs allemands.
Les familles sont, quant à elles, arrivées dans les Alpes-de-Haute-Provence pour s'y recueillir (lire: Les familles se recueillent proche des lieux du crash de l'A320)
Selon le procureur de Marseille Brice Robin, les pilotes ont eu une conversation tout à fait normale jusqu'à ce que le commandant de bord prépare le briefing de l'atterrissage à Düsseldorf. Les réponses du copilote seraient alors devenues plus laconiques. Puis, le pilote demande à son assistant, un Allemand de 28 ans, de prendre les commandes, vraisemblablement pour aller assouvir un besoin naturel.
"Une action volontaire"
"Une fois seul aux commandes, le copilote manipule les boutons du 'flight monitoring system' pour actionner la descente de l'appareil. L'action sur ce sélectionneur d'altitude ne peut être que volontaire".
La suite: plusieurs appels du commandant demandant l'accès à la cabine de pilotage, des coups donnés contre la porte... A l'intérieur du cockpit, un bruit de respiration humaine se fait entendre jusqu'au moment de l'impact. "Le copilote était donc vraisemblablement vivant jusqu'au choc", note le procureur. Et de rappeler que la tour de contrôle de Marseille a également émis plusieurs appels sans recevoir de réponse.
"Pas de cris jusqu'au dernier moment"
A l'approche du sol, des alarmes se sont déclenchées pour alerter l'équipage. L'enregistrement des boîtes noires révèle de nouveaux coups plus violents, "comme pour défoncer la porte". En vain. L'avion a ensuite heurté à un talus avant de percuter à plus de 700 km/h la montagne.
Selon le procureur, il ne semble pas y avoir eu de panique du côté des passagers avant les tout derniers moments du vol. "On n'entend pas de cris jusqu'au dernier moment", précise Brice Robin.
Aucun mobile connu
Après ces révélations, le président de Lufthansa, Carsten Spohr, a affirmé lors d'une conférence de presse que le pilote "était 100% apte à voler", précisant que la compagnie accordait une grande importance à la santé mentale des employés. "Ce qui est arrivé est inconcevable pour nous", a souligné le patron du groupe aérien pour lequel "lorsqu'on entraîne avec soi 149 personnes, on ne peut pas parler de suicide".
Le pilote, un Allemand de 28 ans, avait 630 heures de vol au compteur. Il travaillait pour Germanwings, la filiale low-cost de Lufthansa, depuis septembre 2013.
Formation interrompue six mois
Le jeune homme avait appris à piloter dans un centre proche de l'une de ses résidences à Montabaur, en Rhénanie-Palatinat, avant de se perfectionner dans une école de formation de la compagnie allemande et dans un centre américain à Phoenix aux Etats-Unis.
Lufthansa a précisé jeudi que le copilote avait interrompu sa formation pendant six mois, sans pouvoir préciser pourquoi. A son retour, il a toutefois repassé des tests, notamment médicaux, avec succès, selon Carsten Spohr. Il a promis une aide financière aux familles des victimes.
jgal
"Un nouveau fardeau pour les familles"
La chancelière allemande Angela Merkel a réagi dans l'après-midi pour dire à quel point elle était personnellement touchée par cette nouvelle dimension du drame. "Nous pensons aux familles et à ce qui est désormais un nouveau fardeau pour elles", a-t-elle déclaré.
Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, a lui exprimé son émotion et son bouleversement sur Twitter.
Conmocionado por los últimos datos facilitados por los investigadores. De nuevo nuestro abrazo emocionado a las familias. MR
— Mariano Rajoy Brey (@marianorajoy) 26 Mars 2015
Le verrouillage du cockpit en question
Cette tragédie relance le débat sur le verrouillage de la porte blindée du cockpit dans les avions de ligne, généralisé après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Le but était d'éviter la prise de contrôle de l'appareil par des terroristes.
Concrètement, ce système impose -pour entrer dans le cockpit - que le pilote aux commandes autorise l'ouverture de la porte. En principe, si la personne à l'intérieur ne réagit pas, la porte se déverrouille après un laps de temps. Mais l'accès au cockpit peut rester bloqué si le pilote aux commandes de l'appareil estime qu'il y a danger.
La compagnie Norwegian a réagi jeudi en annonçant qu'elle allait imposer la présence de deux personnes en permanence dans le cockpit lors de ses vols. La législation américaine impose déjà une telle mesure, ce n'est pas le cas en Europe. C'est pour cette raison que le copilote de Germanwings a pu se retrouver seul aux commandes de l'Airbus A320. D'autres compagnies ont suivi l'annonce dont EasyJet, Helvetic Airways ou AirCanada.