"Je ne suis pas un défenseur du Front national, mais de la démocratie", s'est défendu Michel Onfray dans le Journal du matin de la RTS lundi pour expliquer sa position à l'égard du parti de Marine Le Pen: "Quand cinq millions de gens se sont manifestés en faveur du Front national, c'est étonnant qu'il ne soit pas représenté; pas plus qu'à l'Assemblée nationale où ses deux députés ne sont pas en rapport avec sa puissance."
Un déficit de démocratie pour l'auteur de "Cosmos" en comparaison à la surreprésentation des écologistes ou du Front de gauche par exemple. Et de constater que "la démocratie n'est pas au mieux de sa forme" au lendemain des départementales.
>> Pour le détail des résultats et les réactions, lire : La droite française largement gagnante du second tour des départementales
"Position délicate"
Une "position délicate pour un homme de gauche" qui vaut à Michel Onfray d'être la cible de critiques issues de son propre camp. "En France, si on défend la démocratie concrètement, on est présenté comme un suppôt de l'extrême droite." Ajoutant qu'il faut cesser d'utiliser les termes "extrême droite" pour désigner le Front national. Car l'extrême droite est dans une logique paramilitaire, elle ne reconnaît pas la démocratie, ne se présente pas aux élections...
Quand on vote contre le Front national, on est Jean Moulin en France!
Et d'envoyer une pique à la gauche qui, depuis François Mitterrand, "a cessé d'être de gauche en 1983 et instrumentalisé le Front national et a besoin d'en faire un parti fasciste pour pouvoir être anti-fasciste à peu de frais".
A propos de la victoire de la droite lors des élections départementales, le philosophe ne peut l'attribuer au président du parti: "C'est l'UMP qui a gagné, pas Nicolas Sarkozy. J'ose espérer que personne n'est dupe! Les gens voient que l'alternative au Parti socialiste aujourd'hui, c'est l'UMP (...) car ça ne sert à rien de voter Front national ou Front de gauche" si on veut voter utile contre le PS.
Sur la tendance à stigmatiser les xénophobes, les antisémites etc., Michel Onfray déplore le fait "qu'on a besoin de diaboliser quelqu'un". Car "quand on est démocrate, on n'a pas à diaboliser les gens, mais à juste lutter contre eux."
"François Hollande est un Machiavel qui a le sourire"
Quant à la politique de François Hollande, le philosophe la juge "sidérante", dans la mesure où "toute sa stratégie est d'attendre" que les choses s'arrangent, ou de faire des choix minoritaires à gauche".
Pour autant, Michel Onfray voit le président se battre pour sa réélection en 2017: "François Hollande est un rusé, c'est un Machiavel qui a le sourire; il ne se laissera pas faire pendant les deux années qui viennent. Il a envie d'être réélu."
gax