"L'attaque de TV5 Monde est historique par son ampleur" et prouve "des moyens et une expertise plus grande", constate Frédéric Esposito, invité du Journal du matin.
Car si, selon l'expert, l'une des caractéristiques du terrorisme moderne est de médiatiser un message sur le plan global - l'utilisation des médias à cette fin est connue depuis 1968 avec le détournement d'un avion de la compagnie israélienne El-Al - l'enjeu se situe aujourd'hui dans la bonne maîtrise des nouveaux outils de l'espace digital.
"Quelle société digitale voulons-nous?"
"Il s'agit d'un enjeu de société: l'espace digital concerne aussi l'e-commerce, les activités culturelles et sociales, la politique, et il bouleverse nos connaissances."
Pour Frédéric Esposito, l'enjeu est à la fois éducatif et démocratique. "Il faut savoir comment utiliser les outils, mais également à quoi ils servent, ce qu'il y a derrière. Quelle société digitale, quelle gouvernance électronique voulons-nous?"
Le politologue ne cache pas son scepticisme face à la compréhension du sérail politique: "Il y a aujourd'hui un décalage culturel entre la génération au pouvoir et la génération qui a fait de cet espace digital son premier référentiel."
Centaines de millions à investir
Pour l'expert, l'émergence des conflits asymétriques - entre Etats et groupes - nécessite un renforcement de l'expertise et de l'implication de l'armée sur les questions de cybersécurité. "Cela implique des centaines de millions d'investissement", glisse-t-il.
Une conviction partagée par le conseiller d'Etat vaudois vert Luc Recordon, qui estime que l'argent devrait être mieux investi au sein de l'armée pour la défense civile et militaire.
kkub