"Le Yémen est l'occasion pour l'Arabie saoudite de montrer qu'une ligne rouge a été franchie et qu'elle n'acceptera pas l'ingérence de l'Iran dans la péninsule", a expliqué lundi sur les ondes de la RTS Jean-Marc Rickli, professeur assistant au département des études de la défense du King's College de Londres, basé au Qatar.
"La perception d'un arc chiite s'est créée en Arabie saoudite", note Jean-Marc Rickli, qui est également chercheur associé au Centre de politique de sécurité à Genève. Ce sentiment est alimenté par l'action des milices chiites en Irak (au nord de l'Arabie saoudite) et des milices houthis au Yémen (au sud de l'Arabie saoudite).
Guerre entre producteurs de pétrole
L'invasion américaine de l'Irak en 2003 a changé l'équilibre des forces au Moyen Orient, constate Jean-Marc Rickli. L'Iran (chiite), qui était en confrontation avec Bagdad, a maintenant le champs libre.
Malgré les sanctions internationales qui pèsent contre lui, Téhéran parvient à avoir une influence sur le Liban et le régime de Bachar al-Assad en Syrie. Avec l'accord sur le nucléaire qui pourrait être rédigé en juin et la levée des sanctions qui en découlerait, le pays pourrait exporter un million de barils de pétrole par jour et entrerait ainsi en concurrence féroce avec l'Arabie saoudite, tant économiquement que politiquement.
Pour la nouvelle génération au pouvoir à Riyad, l'Iran est ainsi devenu un plus grand problème que les sunnites djihadistes, estime Jean-Marc Rickli.
Manque de clarté américaine
La position américaine dans la région a aussi un impact. "D'un côté, les Etats-Unis soutiennent l'opération contre les Houthis au Yémen. De l'autre, ils utilisent les milices chiites en Irak pour combattre l'EI", constate Jean-Marc Rickli. Tout cela en ayant entamé un retrait général du Moyen-Orient.
Face à cette politique perçue comme contradictoire, l'Arabie saoudite, les autres pays du Golfe et l'Egypte ont décidé de prendre leurs responsabilités et ont donc annoncé la création d'une force (sunnite) de 40'000 soldats.
Enfin, le chercheur souligne le risque de déstabilisation sur toute la péninsule arabique, notamment en Oman, où le sultan est gravement malade.
bri