Le Traité de non-prolifération des armés nucléaires date de la fin des années 1970, soit une période où les menaces et le jeu bipolaire entre l'URSS et les Etats-Unis était encore de mise.
"Dans cette course à l'armement, il y a eu de nombreuses erreurs d'appréciation, comme la crise des missiles de Cuba par exemple", a expliqué Paul Quilès, ancien ministre de la Défense français sous François Mitterrand, sur les ondes de la RTS mercredi.
Pour limiter les risques d'affrontement nucléaire, ce traité a été mis en place. "Mais il n'est pas respecté par les cinq grandes puissances qui disposent officiellement de l'arme nucléaire (Etats-Unis, Russie, France, Chine et Royaume-Uni)", a affirmé l'ancien ministre.
On sait également que d'autres pays disposent d'une capacité nucléaire militaire non officielle comme Israël, l'Inde et le Pakistan, la Corée du Nord et l'Iran, a-t-il poursuivi.
Le moindre missile peut faire des millions de morts
"Les 5 pays qui disposent de l'arme nucléaire doivent se désarmer afin de parvenir à un monde sans armes nucléaires, stipule l'article 6 du traité. Ce n'est à l'évidence pas le cas, puisque l'on assiste en réalité à une prolifération verticale".
L'homme politique socialiste a poursuivi en expliquant que la France, tout comme les Etats-Unis et la Russie, sont les champions de la modernisation. "Leurs missiles sont toujours plus furtifs, plus efficaces, et en même temps que ces pays prônent la non-prolifération ils investissent eux-mêmes des sommes fabuleuses".
Et de donner un exemple: "Hiroshima c'était 15 kilo tonnes et 250'000 morts. Aujourd'hui le moindre missile fait 100 kilo tonnes. Un sous-marin nucléaire français transporte 87 ogives, vous imaginez donc le nombre de millions de morts potentiels que ça représente..."
On est passé de 3 bombes en 1945 à plus de 70'000 à la fin des années 1980.
Discours religieux
Pour Paul Quilès, le discours de ces pays sur le nucléaire est proche d'un discours religieux.
"Il faut croire, il n'y a pas d'autres solutions. Et comme on ne discute pas de l'existence de dieu dans une religion, on ne discute pas de l'existence de la bombe. Elle est là et on ne peut pas la désinventer. Mais un traité existe, essayons au moins de le respecter au mieux".
Hollande peu à l'écoute?
Etant du même bord politique que le président français, l'ancien ministre tente de lui faire entendre ses arguments. "Ils les entend, mais je ne sais pas s'il les écoute et les prend en compte".
"Pour François Hollande, l'arme nucléaire, c'est la condition de notre liberté", cite ainsi Paul Quilès, qui dit ne pas pouvoir accepter ce genre de remarque. "On ne peut pas se doter d'une "assurance-vie", comme la nomme les politiques, et refuser aux autres le droit de s'en doter".
Il est trop facile de faire la morale aux autres et de ne pas respecter les règles. Mais l'ancien ministre a encore bon espoir que cela évolue. Le premier accord intermédiaire obtenu à Lausanne sur le nucléaire iranien est un pas dans la bonne direction.
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Didier Burkhalter à New York
Pour donner une chance à l'élimination des armes nucléaires, "il nous faut être ambitieux et pragmatique", a déclaré lundi Didier Burkhalter. Le chef de la diplomatie suisse s'est exprimé au siège des Nations unies à New York, au début d'une conférence internationale.
Les participants vont tenter jusqu'au 22 mai de relancer le désarmement nucléaire. Ils vont examiner le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), conclu en 1968 et signé, à ce jour, par 189 pays.
Les multiples défis visant à créer un monde plus sûr ne doivent pas servir de prétexte à l'inaction, a dit Didier Burkhalter. Pour le conseiller fédéral, "une première étape urgente est de nous focaliser sur la réduction progressive des risques liés aux armes nucléaires".
Il a rappelé par exemple que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires n'est toujours pas entré en vigueur. Il a aussi déclaré que la Suisse propose que les Etats dotés d'armes nucléaires limitent le rôle de ces dernières au seul but de dissuader d'autres Etats d'y avoir recours.