Depuis des mois, les instituts spécialisés étaient unanimes: les législatives se dirigeaient vers un coude-à-coude quasi figé entre conservateurs et travaillistes. "Le scrutin le plus indécis depuis quatre décennies", titrait jeudi la presse britannique à la veille du vote.
Lors des premiers sondages de sortie des urnes jeudi soir, le choc fut total. Avec 77 sièges d'avance pour les conservateurs, personne ne voulait vraiment y croire. Tant chez les vaincus, accrochés aux espoirs de la veille, que chez les vainqueurs, appelant à la prudence.
"Je mange mon chapeau"
"Si ces estimations sont exactes, je mange mon chapeau en public", soulignait alors Paddy Ashdown, ancien patron des Lib-Dems, complètement sonné. Or, la victoire des conservateurs est devenue encore plus claire au fil des heures.
Pour les instituts, c'est le plus gros camouflet depuis 1992. Ils avaient alors donné le travailliste Neil Kinnock large vainqueur alors que c'est le conservateur John Major qui l'avait emporté.
ats/asch
Réveil conservateur ou problème de méthode?
L'institut Populus a fait amende honorable: "Il faut une remise en question de tous les instituts de sondage. Nous allons revoir nos méthodes et demander un audit au Conseil britannique des sondages", a indiqué un responsable.
"Réveil tardif de l'électorat conservateur? Problème de méthodologie? Il faudra un peu de temps pour analyser" la faillite des sondeurs, soulignait Tony Travers, politologue à la London School of Economics.
Une thèse possible est un sursaut de dernière minute de l'électorat conservateur, traditionnellement plus timide à livrer ses préférences en amont. Dans le passé, les sondeurs ont souvent eu tendance à surestimer les travaillistes.