Premier haut responsable américain à visiter la Russie depuis le début de la crise en Ukraine, John Kerry a retrouvé le président russe dans sa résidence d'été à Sotchi, peu après un entretien avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Cette visite était en soi le signe d'une volonté de renouer des liens.
Après quatre heures d'échanges, le secrétaire d'Etat américain a souligné le "besoin urgent" pour Moscou et Washington de trouver une position commune sur les grands dossiers mondiaux.
Au programme, plusieurs dossiers épineux: le cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine, le conflit syrien, les négociations sur le nucléaire iranien, les violences en Libye et la menace posée par l'organisation Etat islamique.
John Kerry a assuré que si la trêve est respectée dans l'est de l'Ukraine, les sanctions américaines et européennes, prises contre la Russie pour son rôle présumé dans la crise ukrainienne, pourront être levées.
Sur Twitter, le secrétaire d'Etat américain a parlé de discussions "franches".
Moscou rejette les pressions
"Cette rencontre nous a permis de mieux nous comprendre", a pour sa part estimé Sergueï Lavrov. Le secrétaire d'Etat américain et son homologue russe se sont "mis d'accord (...) pour se concentrer sur un seul objectif: faire en sorte que ceux qui ont signé les accords du 12 février (à Minsk) les respectent", a ajouté le ministre russe.
"La Russie est prête à une coopération constructive avec les Etats-Unis (...) cependant, cette coopération n'est possible que sur une base juste et équitable, sans tentative de diktat ou de contrainte", a également déclaré Sergueï Lavrov, rejetant la responsabilité de la crise actuelle.
"Diplomatie de la patate"
Plus tôt dans la journée, la rencontre entre John Kerry et Sergueï Lavrov a été qualifiée de "formidable" par ce dernier, mais aucune information n'a filtré sur le contenu de leur conversation.
Dans une ambiance décontractée, Sergueï Lavrov a poursuivi la "diplomatie de la patate" en remettant à son homologue un carton de pommes de terre russes, un clin d'oeil à celui rempli de patates américaines que John Kerry lui avait offert en janvier 2014.
John Kerry a pour sa part offert à son homologue russe une sélection de Unes de la presse russe qui, selon lui, "ne reflètent pas le réel potentiel de la relation russo-américaine".
Crise sans précédent
Les relations entre la Russie et les Etats-Unis connaissent une crise sans précédent depuis la fin de la Guerre froide en raison de l'annexion par Moscou de la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014 et du conflit entre séparatistes prorusses et les autorités de Kiev dans l'est de l'Ukraine.
Cette rencontre intervient après la visite à Moscou de la chancelière allemande Angela Merkel, qui a critiqué dimanche l'absence de progrès dans la crise ukrainienne, déplorant qu'"il n'y ait toujours pas de cessez-le-feu".
afp/vtom
Reprise des négociations sur le programme nucléaire iranien
John Kerry s'est entretenu la semaine dernière avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif. Le secrétaire d'Etat américain compte informer Vladimir Poutine de la teneur de cette conversation alors qu'un accord définitif sur le programme nucléaire iranien doit être conclu avant le 30 juin.
Les négociations autour du dossier ont d'ailleurs repris mardi matin à Vienne, entre le ministre adjoint iranien des Affaires étrangères et la négociatrice de l'UE, Helga Schmid.
La finalisation d'un accord a cependant été rendue plus délicate encore par l'adoption par le Sénat américain, le 8 mai, d'une loi obligeant le président Barack Obama à lui soumettre tout accord nucléaire définitif.