L'ancien trader de la Société Générale, Jérôme Kerviel, réagit aux développements spectaculaires de l'affaire depuis le témoignage de la commandante de police, rapporté par Mediapart, et estimant que la hiérarchie de la banque connaissait les agissements qui ont conduit à une perte de près de 5 milliards d'euros déclarée en janvier 2008 par le groupe.
Cette femme mérite "le statut de lanceuse d'alerte", elle "mérite d'être protégée", a dit Jérôme Kerviel à la RTS, qui dit craindre que l'on tente de la discréditer.
L'ex-trader affirme avoir observé chez elle une évolution au fur et à mesure que l'enquête avançait.
Mails avec des têtes de mort
Il fait état de mails, qui n'existaient pas dans le dossier au début de l'enquête, et qui ont contribué à cette évolution. "Des mails envoyés à ma hiérarchie, avec des têtes de mort et qui disaient: ça va péter dans le book de Jérôme Kerviel, dans le périmètre de Jérôme Kerviel".
L'ancien trader réplique au patron de la Société Générale qui affirmait ne voir aucun élément nouveau dans les derniers développements: "Qu'il lise le PV", dit-il, pour comprendre "la déflagration" amenée par le témoignage de la policière.
La spéculation continue
Jérôme Kerviel estime par ailleurs que la folle spéculation qui a conduit au gouffre de la Société Générale continue comme avant, selon les témoignages d'actuels traders parisiens qui viennent le voir.
L'intégrale de l'interview de Jérôme Kerviel:
RTSinfo
Kerviel a demandé l'annulation de sa condamnation
Pour l'avocat de Jérôme Kerviel, "ce nouveau témoignage vient confirmer les dysfonctionnements que nous dénonçons depuis des années".
"La Société générale aujourd'hui est dos au mur", estime Me David Koubbi.
Son client a entamé une démarche la semaine dernière pour obtenir l'annulation de sa condamnation à cinq ans de prison et un nouveau procès en révision, en s'appuyant notamment sur ce témoignage.